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Covid-19: efficace, controversé, le carnet de rappel déjà utilisé dans les restaurants à l'étranger

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A compter de ce mardi, les restaurants des zones d'alerte maximale devront tenir à jour un carnet de rappel condensant les informations personnelles de leurs clients, afin de pouvoir retracer les cas de contamination le cas échéant. Le procédé est déjà utilisé dans de nombreux pays européens.

Comme la distanciation, ou le couvre-feu, le carnet de rappel fait partie, à compter de ce mardi, du lot de mesures imposé aux restaurants des zones d'alerte maximale s'ils veulent pouvoir ouvrir leurs portes. A son entrée dans l'établissement, le client consignera son nom, son prénom, la date et l'heure de son arrivée, son numéro de téléphone, son adresse mail. Au cas où un cas de coronavirus venait à se déclarer parmi les consommateurs du restaurant, l'Assurance-Maladie contacterait l'ensemble des gens y ayant mangé au même moment.

"Pas une corvée, une nécessité"

Si son application est nouvelle en France, elle n'est pas franchement inédite à l'échelle européenne: l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse, l'Italie, le Portugal l'utilisent déjà.

Autre exemple, celui de la Belgique, où le carnet de rappel est de rigueur dans les restaurants et les bistrots depuis le 25 juillet. Là-bas, la disposition semble jouir d'un relatif consensus.

"Si on tombe malade, on peut retracer les gens avec qui on se trouvait. C'est pas une corvée, c'est une nécessité", fait valoir Catherine, cliente d'un établissement de Tournai, au micro de BFMTV.

Et l'obligation est strictement encadrée. "Ils estimaient qu'on ne contrôlait pas assez par rapport à la quantité de personnes reçues. Mais comme on est en nombre restreint d'employés, on ne peut pas compléter tous les noms, c'est chose impossible, ou alors il faudrait employer une personne supplémentaire", souligne pour sa part la barmaid Marie Decorné.

Détournement policier en Allemagne

En Allemagne, c'est à la mairie que revient la responsabilité du traçage et à la police locale, une fois un cas identifié, de s'enquérir de la liste complète des clients concernés. Sur Twitter, le journaliste Vincent Glad a signalé que ces registres avait déjà posé plusieurs problèmes dans le pays, dont des cas de "flirts" ou de réutilisation des données par la police.

Le Huffington Post a quant à lui rappelé que certains syndicats hôteliers allemands avaient protesté contre la mesure en juillet, disant se sentir réduits à jouer les "auxiliaires de police".

Pour prouver ce détournement policier de la loi, le site a notamment mentionné un fait-divers survenu à Hambourg: les enquêteurs avaient exigé le carnet de rappel d'un restaurant, puis avaient interrogé plusieurs clients dans le but de mettre la main sur un homme ayant agressé un tiers avec un couteau dans une rue attenante.

Faille informatique

En ce qui concerne le respect des libertés individuelles, les limites sont aussi technologiques. Fin août, le groupe de hackers allemands Chaos Computer Club parvenait, comme le montrait ici la Deutsche Welle, à s'emparer de quatre millions d'entrées enregistrées dans le cloud, stockées par des restaurants ayant décidé d'informatiser les informations contenues dans leurs carnets de rappel.

Cet amas d'éléments a permis aux hackers d'entrer en possession de 87.000 noms et contacts de clients, en provenance de 180 bars et restaurants.

En France, l'Etat cherche à prévenir ce genre de faillite, le protocole officiel disposant, comme le dit ici Le Figaro, que "dans tous les cas, ces données (seraient) détruites après un délai de 14 jours".

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV