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Contre-offensive des pro-Kadhafi, aide extérieure envisagée

LA SITUATION EN LIBYE

LA SITUATION EN LIBYE - -

par Maria Golovnina et Michael Georgy BENGHAZI, Libye (Reuters) - Les forces pro-Kadhafi ont attaqué mercredi le terminal pétrolier de Marsa el...

par Maria Golovnina et Michael Georgy

BENGHAZI, Libye (Reuters) - Les forces pro-Kadhafi ont attaqué mercredi le terminal pétrolier de Marsa el Brega, premier signe d'une contre-offensive dans l'est de la Libye, région passée aux mains des insurgés qui ont laissé entendre qu'ils pourraient solliciter une aide étrangère.

Au Caire, le secrétaire général de la Ligue arabe a qualifié de "tragique" la situation en Libye. "Nous ne pouvons l'accepter", a-t-il dit lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe.

Mais le chef de la diplomatie irakienne, Hochiyar Zebari, qui présidait la séance d'ouverture, a souligné que la crise libyenne était une affaire intérieure arabe et que les Arabes ne souhaitent aucune intervention extérieure.

A Benghazi, un porte-parole de la coalition d'opposition a dit que l'offensive sur Marsa El Brega avait été repoussée. La télévision publique libyenne affirme, à l'inverse, que les forces pro-Kadhafi contrôlent l'aéroport et le port de la ville.

Moustafa Gheriani, porte-parole de la Coalition du 17 février, a déclaré que cette dernière allait vraisemblablement solliciter une intervention militaire étrangère, "probablement des frappes aériennes sur des endroits stratégiques qui mettront le dernier clou à son cercueil".

"Ils ont tenté ce matin de prendre Brega, mais ils ont échoué. Elle est de nouveau aux mains des révolutionnaires. Il (Kadhafi) tente de créer toutes sortes d'offensives psychologiques pour maintenir ces villes à cran", a-t-il ajouté.

A propos de violences signalées à Ajdabiyah, 160 km au sud de Benghazi, il a assuré que la ville était "stable dans l'ensemble" et que les insurgés se regroupaient "pour faire face à tout assaut majeur". "Pour le moment, il ne s'agit encore que d'escarmouches", a-t-il dit.

KADHAFI CAMPE SUR SES POSITIONS

Moussa Ibrahim, porte-parole du gouvernement libyen a émis des doutes sur ces allégations. "Je crois que c'est l'une de ces fausses informations".

Le colonel Kadhafi affirme contre toute évidence contrôler le pays et a exclu de partir en exil. Son fils, Saïf al Islam a mis en garde les Occidentaux contre toute intervention militaire.

Le "guide" libyen a affirmé mercredi que le monde ne comprenait pas le système libyen qui permet à la population de se gouverner elle-même et que, n'étant pas président, il ne détenait pas de poste dont il pourrait démissionner.

Kadhafi, dont les propos étaient retransmis par la télévision libyenne, a à nouveau accusé des cellules dormantes d'Al Qaïda d'être responsables des troubles en Libye.

Il a mis en cause les médias étrangers et affirmé que les combats n'avaient pas fait plus de 150 morts. Des estimations étrangères font état de 2.000 tués.

Dans tout le pays, nombre de chefs de tribu, de fonctionnaires, d'officiers et d'unités de l'armée ont rallié le camp des insurgés et commencent à s'organiser. Mais Tripoli reste un bastion de Kadhafi.

Le capitaine Faris Zwei, qui fait partie des officiers qui, à l'est, ont rejoint l'opposition, a estimé qu'il y avait plus de 10.000 volontaires à Ajdabiyah. "Nous réorganisons l'armée qui a été presque complètement détruite par Kadhafi et par sa bande", a-t-il dit.

REDÉPLOIEMENT AMÉRICAIN

Les Etats-Unis accentuent leur présence dans la région.

"Nous allons maintenir la pression sur Kadhafi jusqu'à ce qu'il parte et laisse la population de Libye s'exprimer librement et déterminer son propre avenir", a déclaré à la chaîne ABC Susan Rice, représentante permanente des Etats-Unis aux Nations unies.

Deux bâtiments de l'US Navy attendus au large des côtes libyennes sont entrés mercredi dans le canal de Suez. L'USS Kearsarge et l'USS Ponce devraient arriver en Méditerranée entre 15h30 et 16h00 (13h30 et 14h00 GMT).

Le contre-torpilleur USS Barry avait déjà franchi lundi le canal de Suez dans le cadre des efforts déployés pour accentuer les pressions diplomatiques et militaires sur Kadhafi.

Ce repositionnement près des côtes libyennes est cependant perçu davantage comme un déploiement de force symbolique dans la mesure où ni les Etats-Unis, ni leurs alliés de l'Otan ne semblent souhaiter intervenir militairement.

"Aucune décision n'a été prise concernant quelque action que ce soit", a dit le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, en notant que les Nations unies n'avaient pas autorisé le recours à la force en Libye.

La Maison blanche a déclaré que les navires étaient redéployés en prévision d'une possible action humanitaire, mais a souligné "qu'aucune option" n'était exclue.

Le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a fait remarquer mardi qu'aucune intervention militaire ne pourrait se faire sans mandat clair des Nations unies.

Le Premier ministre britannique, David Cameron, a déclaré que son pays coopérerait avec ses alliés pour préparer l'imposition éventuelle d'une zone d'exclusion aérienne en Libye, ajoutant qu'il est inacceptable que "le colonel Kadhafi puisse tuer son propre peuple en se servant d'avions et d'hélicoptères de combat".

Avec Yvonne Bell et Chris Helgren à Tripoli, Tom Pfeiffer, Alexander Dziadisz et Mohammed Abbas à Benghazi, Yannis Behrakis et Douglas Hamilton à Ras Jdir et les rédactions d'Alger, de Rabat et de Londres; Nicole Dupont pour le service français, édité par Gilles Trequesser