Comment Mohammed ben Salmane réforme l'Arabie Saoudite

Mohammed Ben Salmane en novembre 2017 à Riyad - BANDAR AL-JALOUD / Saudi Royal Palace / AFP
En visite en France pour trois jours, le prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane, 32 ans, fait figure d’épouvantail dans une monarchie héréditaire qui marche habituellement main dans la main avec le clergé wahhabite ultra-conservateur. Le numéro deux de la monarchie saoudienne, toujours entre les mains de son père, le roi ben Salmane, a engagé de nombreuses réformes.
Nommé vice-prince héritier en avril 2015 "MBS", alors numéro trois dans l’ordre de succession, donne le top départ de grands bouleversements sociétaux. En avril 2016, il supprime les pouvoirs de la police des mœurs, la Mouttawa, qui n’a désormais plus le droit de poursuivre ni d’interpeller les contrevenants, après plusieurs dérapages de certains de ses membres.
Dans la foulée, il dévoile son plan de réformes économiques et sociales, "Vision 2030". Il promet alors de rompre avec la dépendance de l'Arabie Saoudite au pétrole, et de réduire le poids des religieux sur la société. Il supprime les subventions sur l’électricité et l’essence, et gèle les embauches de fonctionnaires, alors que deux millions de jeunes Saoudiens doivent intégrer le marché du travail dans les années à venir.
Les femmes autorisées à conduire
Nommé prince héritier en juin 2017 et désormais assuré de succéder à son père, Mohammed Ben Salmane accélère la transformation de la société en autorisant les femmes à conduire: "Nous ne ferons que retourner à un islam modéré, tolérant et ouvert sur le monde et toutes les autres religions. Nous n’allons pas passer 30 années de plus à nous accommoder d’idées extrémistes, nous allons les détruire maintenant", assure-t-il lors d’une conférence à Riyad en octobre 2017.
En février dernier, il autorise les femmes à créer et gérer leur propre entreprise sans l’autorisation d’un tuteur masculin, et leur permet également d'accéder à des postes militaires. Dans le même temps, il s’ouvre à la culture occidentale et au tourisme non religieux. Les cinémas font leur arrivée et le royaume délivre désormais des visas de tourisme à tous, alors que jusque là, seuls des visas étaient délivrés aux pèlerins se rendant sur les lieux saints.
Une visite en France sur fond d'ouverture culturelle
"Il aime le risque, c’est indéniable. Il met tout le système saoudien en tension. C’est dangereux, car il se fait beaucoup d’ennemis. Un coup d’Etat, et toutes ses réformes pourraient s’effondrer", craint un journaliste saoudien, cité par Le Monde.
En attendant, MBS poursuit l’ouverture de son pays. Lundi, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a signé un accord avec son homologue saoudien Awwad al-Awwad, assurant que la France allait aider l’Arabie Saoudite à se doter d’un orchestre et d’un opéra. Dans la foulée, le ministre de la Culture saoudien a également annoncé la présence de l’Arabie Saoudite au prochain festival de Cannes.