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Brexit: le Royaume-Uni peut-il éclater? 

Un employé d'un magasin de souvenirs à Londres.

Un employé d'un magasin de souvenirs à Londres. - OLI SCARFF - AFP

Ce mercredi, Theresa May enclenche la procédure de rupture entre le Royaume-Uni et l'Union européenne en vertu de l'article 50 du traité de Lisbonne. Au même moment, l'Ecosse, opposée au Brexit, veut un nouveau référendum d'indépendance et le dossier comprend aussi une Irlande du Nord dans l'impasse politique.

C'est dans un Royaume-Uni divisé sur la question de la sortie des institutions européennes que Theresa May a signé ce mardi la lettre qui enclenchera, dès ce mercredi à Bruxelles, les tractations pour permettre à son pays d'accomplir son Brexit, voté en juin dernier.

Le lancement de ce processus avive les tensions politiques entre les nations composant le royaume. Ainsi, seulement trois ans après la consultation précédente, le parlement régional écossais souhaite à nouveau à organiser un débat électoral portant sur l'indépendance de l'Ecosse. Les représentants écossais ont en effet chargé ce mardi, par 69 voix contre 59, la Première ministre Nicola Sturgeon de demander à Theresa May de permettre ce référendum donnant l'occasion aux Ecossais de faire sécession du royaume des Windsor. Le texte adopté par les parlementaires évoquent un vote pour l'automne 2018 ou le début d'année 2019. Rien n'est cependant fixé d'autant moins que Londres pourrait y opposer son veto. 

Une pomme de discorde entre l'Ecosse et les institutions du Royaume

Il n'empêche que cette motion rappelle que le Brexit est désormais une véritable pomme de discorde pour les Ecossais au sein de l'ensemble britannique. Si le Royaume-Uni, dans son ensemble, s'est exprimé à près de 52% en faveur d'un départ de l'Union européenne, les Ecossais, eux, avaient donné une franche majorité au "Remain" ("maintien" en Français qui représentait 62% des suffrages exprimés). De quoi, pour la classe dirigeante indépendantiste dont est issue Nicola Sturgeon, remettre en cause le précédent référendum sur l'appartenance de l'Ecosse au Royaume-Uni, lors duquel 55% des Ecossais avaient tranché en faveur du non.

Cette remise en cause est née dans l'électorat dès le résultat de la consultation sur le Brexit connu. Les Ecossais avait détaillé à Kelly Laffin, envoyée spéciale de BFMTV à Glasgow l'été dernier, pourquoi les liens avec l'Union européenne étaient plus forts dans leur contrée qu'ailleurs dans le Royaume-Uni: "Ils ne subissent pas la même immigration et ils considèrent que l'Europe leur rapporte plus qu'elle ne leur coûte", avait expliqué la journaliste sur notre antenne, ajoutant que de nombreux citoyens avaient voté contre l'indépendance en pensant que l'Etat de sa Majesté ne quitterait pas le giron européen. 

Pas sûr cependant qu'en cas de nouveau scrutin sur la question de l'indépendance, les Ecossais fournissent une autre réponse que la dernière fois. Selon un sondage publié il y a quelques jours, 56% d'entre eux se prononcent aujourd'hui pour un maintien au sein du Royaume-Uni. 

L'incertitude nord-irlandaise

Mais Londres doit répondre à un second front de division ouvert sur son flanc: l'Irlande du nord. Le 2 mars dernier, se sont tenues les élections législatives nord-irlandaises. Le scrutin a vu la progression du Sinn Fein (parti nationaliste irlandais) disposant désormais de 27 sièges à l'Assemblée locale contre 28 pour le Parti unioniste démocrate. Cette minime différence les enjoint de s'entendre pour constituer un gouvernement régional. 

Les deux mouvements politiques avaient trois semaines pour s'entendre...ce délai est arrivé à échéance ce lundi. Si, comme l'explique cet article du Monde, le Royaume-Uni leur a laissé un laps de temps supplémentaire pour négocier, les échanges butent, entre autres, sur un élément directement lié au Brexit: le Sinn Fein réclame la création d'un statut spécial pour l'Irlande du nord après ce référendum ce dont son hypothétique partenaire gouvernemental, plus loyaliste envers Londres, ne veut pas entendre parler. Enfin, la frontière entre l'Eire et l'Irlande du nord pourrait d'être rétablie à la suite de la sortie britannique des institutions européennes. En effet, l' "Ulster" deviendra alors une des bordures de l'Union européenne. 

Robin Verner