BP a bon espoir de siphonner l'essentiel du pétrole

Lors d'une interview à la BBC, le directeur général du groupe BP, Tony Hayward, a déclaré que le dôme de confinement mis en place jeudi sur le puits qui fuit dans le golfe du Mexique permettait de siphonner une grande partie du pétrole qui s'en échappe. / - -
par Estelle Shirbon et Anna Driver
LONDRES (Reuters) - Le dôme de confinement mis en place jeudi sur le puits qui fuit dans le golfe du Mexique permet de siphonner une grande partie du pétrole qui s'en échappe, a déclaré à la BBC le directeur général du groupe BP, Tony Hayward.
"Le dôme de confinement capte 10.000 barils de pétrole par jour (bpj), qui sont traités ensuite à la surface", a ajouté Hayward, qui est resté vague sur la proportion de pétrole récupéré: "Pour le moment, c'est difficile à dire, mais nous espérons que cela sera la majorité, peut-être la grande majorité du pétrole".
Le chiffre de 10.000 bpj représente un peu plus de la moitié de l'évaluation de la quantité maximale qui s'écoulerait du puits chaque jour, depuis l'explosion et le naufrage de la plate-forme Deepwater Horizon, le 20 avril.
"Nous optimisons l'opération. Nous avons un autre système de confinement à mettre en place au cours de la semaine à venir, qui sera installé complètement d'ici le week-end prochain. Lorsque ces deux cloches seront en place, nous espérons beaucoup siphonner l'essentiel du pétrole", a ajouté le directeur général.
"Nous allons obturer la fuite, nous allons évacuer le pétrole, nous allons remédier aux dégâts infligés à l'environnement et nous allons rendre la côte du Golfe dans l'état où elle se trouvait avant ces événements", a-t-il assuré.
"C'est un engagement absolu. Nous resterons là-bas longtemps après que les médias en seront repartis, pour tenir nos promesses", a-t-il ajouté, confiant.
L'amiral Thad Allen, qui dirige les garde-côtes et coordonne les efforts de nettoyage des pouvoirs publics, a estimé dimanche que BP avait progressé mais qu'il restait encore des efforts à faire.
"Nous réalisons les progrès qu'il faut mais je ne pense pas que l'on puisse se satisfaire tant qu'il y aura du pétrole dans l'eau", a-t-il dit à la chaîne CNN. "Je dirais que des progrès ont été réalisés mais nul ne pourra être satisfait tant qu'un puits de secours n'aura pas été mis en place".
Hayward a affirmé ne pas avoir l'intention de démissionner pour payer les pots cassés de cette marée noire et dit avoir l'entier soutien du conseil d'administration.
DÉCISION FIN JUILLET SUR LES DIVIDENDES
"BP va très bien aujourd'hui.(...) Nous avons la puissance financière nécessaire pour traverser cela", a-t-il dit dans l'interview à la BBC.
Hayward a en revanche éludé une question sur le versement de dividendes aux actionnaires du groupe cette année. Un tel versement serait mal vu par beaucoup aux Etats-Unis où l'on souhaite que la compagnie pétrolière consacre son argent au nettoyage et à l'indemnisation des personnes lésées par la marée noire.
"Nous allons penser à l'ensemble de nos actionnaires. Nous devons penser à nos actionnaires de la côte du golfe; nous devons penser à nos investisseurs; nous devons penser à nos employés et à nos retraités", a-t-il dit sans plus de précisions.
La direction de BP décidera à la fin juillet si elle verse ou non des dividendes, en prenant en compte les circonstances du moment.
BP s'est engagé samedi à indemniser les plaintes légitimes de tous ceux qui ont "subi des préjudices et des dégâts" à la suite de la marée noire.
"Nous effectuerons ces paiements le temps qu'il faudra (...) Il n'existe pas de budget (précis), nous le ferons jusqu'à ce que cela cesse", a déclaré le vice-président de BP Amérique chargé des ressources, Darryl Willis, lors d'une visioconférence.
Au cours des trente derniers jours, BP a versé plus de 46 millions de dollars, pour l'essentiel des dédommagements du manque à gagner des pêcheurs, des éleveurs de crevettes ou des ostréiculteurs dont l'activité a été suspendue dans les eaux du golfe du Mexique.
Ces dédommagements individuels représentent 90% de l'ensemble. Le reste a concerné de petites entreprises.
Michael Peltier, Henri-Pierre André et Eric Faye pour le service français