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Au Zimbabwe, après la crise économique, la crise politique?

Un manifestant crie des slogans anti-Mugabe le 6 juillet à Makokoba.

Un manifestant crie des slogans anti-Mugabe le 6 juillet à Makokoba. - AFP

Produits de première nécessité interdit, banques en manque de liquidités, fonctionnaires dont le salaire n'est plus versé, la colère monte contre le président Mugabe au Zimbabwe.

Manifestations, grève générale et mobilisation sur les réseaux sociaux sur fond de crise économique secouent le Zimbabwe, pays où la contestation s'exprime rarement au grand jour, signe d'un ras-le-bol grandissant de la population contre le président Robert Mugabe selon des analystes.

L'économie du Zimbabwe est plongée dans une crise sans fin depuis plus d'une décennie. Les banques manquent cruellement de liquidités, tout comme le gouvernement qui n'a pas pu payer en juin les salaires des fonctionnaires, à l'exception de ceux des forces de l'ordre, dans ce pays où 90% des actifs n'ont pas d'emploi déclaré. 

Les autorités ont interdit l'importation de produits de première nécessité, comme l'huile et le lait en poudre, officiellement pour favoriser les produits locaux. Mais la décision a été très mal accueillie au moment où le pays est frappé par une grave sécheresse, qui menace de faim des millions de personnes.

"On pourrait assister à un soulèvement"

"Les gens commencent à se demander qui est la source de leurs problèmes. La colère monte", souligne Rushweat Mukundu, analyste politique à l'Institut pour la démocratie au Zimbabwe, basé à Harare.

"Les actes spontanés auxquels on assiste pourraient s'intensifier jusqu'à un soulèvement" contre le président Mugabe, qui dirige son pays d'une main de fer depuis 1980, affirme le chercheur. 

Le 6 juillet, le pays a tourné au ralenti lors d'une grève générale à l'appel des syndicats, événement rarissime: de nombreux commerces, écoles et tribunaux sont restés fermés, tandis que les transports en commun étaient paralysés. 

Les fonctionnaires se rebiffent

"Les fonctionnaires qui étaient loyaux au gouvernement parce qu'ils recevaient leur salaire et profitaient de leur position pour se remplir un peu les poches font désormais partie des mécontents", constate Rushweat Mukundu. 

S'il cristallise de plus en plus les crispations du pays, Robert Mugabe, héros de l'indépendance et plus vieux chef d'Etat en exercice, n'a pas l'intention de débarrasser le plancher. Il compte concourir à la présidentielle de 2018. Il aura alors 94 ans. 

R.V avec AFP