BFMTV
International

Attentat en Allemagne: ce que l'on sait du tireur qui a fait deux morts près d'une synagogue 

Des fleurs devant une synagogue de Berlin

Des fleurs devant une synagogue de Berlin - Anton Roland LAUB / AFP

Selon le père du jeune homme, ce dernier "blâmait toujours les autres" et était devenu "inatteignable."

Au lendemain de l'attaque d'un tireur contre une synagogue de Halle en Allemagne qui a fait deux morts et deux blessés dans un état grave, l'émotion est toujours forte outre-Rhin, où les autorités et Angela Merkel elle-même parlent désormais "d'attentat." 

L'attaque à l'arme à feu visait une synagogue en ce jour de Yom Kippour. Elle a été filmée et diffusée pendant près de 35 minutes sur la plateforme Twitch. Lors du direct, la diffusion a été vue par cinq personnes, puis la version conservée sur le site a été revisionnée par 2200 internautes. 

Vingt-quatre heures plus tard, le profil du tireur, arrêté quelques heures après la tuerie, se dessine peu à peu. 

Solitaire et ultra-radicalisé

Enfant unique ayant abandonné ses études, vivant encore chez sa mère et passant l'essentiel de son temps devant un ordinateur, ce dernier, âgé de 27 ans, apparaît comme un solitaire ultra-radicalisé.

"Il était toujours en ligne", a expliqué jeudi son père au journal Bild, précisant qu'il avait peu d'amis et passait plutôt de longues heures devant l'ordinateur.

Né à Eisleben en Saxe-Anhalt, à une quarantaine de kilomètres des lieux de l'assaut, il a obtenu son baccalauréat après le divorce de ses parents, puis a débuté des études de chimie qu'il a dû abandonner après une opération de l'estomac.

Selon une voisine, toujours interrogée par le média allemand, il avait ensuite travaillé comme technicien radio. Son père, à qui il rendait visite régulièrement, le décrit comme quelqu'un de solitaire et renfermé: "Il n'était ni en paix avec lui-même ni avec le monde, il blâmait toujours les autres."

"Nous nous disputions encore et encore, mon opinion ne comptait pas. Je n'arrivait plus à l'atteindre", explique-t-il.

Le tueur s'est traité de "loser incompétent" 

Tout comme l'Australien responsable en mars des attentats contre deux mosquées en Nouvelle-Zélande, ayant fait 51 morts, Stephan Balliet a filmé et diffusé en direct sur une plateforme internet ses agissements. Sur sa vidéo de 35 minutes, il laisse libre cours à sa haine des Juifs, des migrants et des féministes. 

Vêtu d'une veste militaire et d'un casque surmonté d'une caméra, on le voit échouer à pénétrer dans la synagogue de la ville, dont les portes sont fermées à double tour. Frustré, il tue deux personnes au hasard: une passante près de la synagogue, qu'il traitera de "porc", puis un peintre en bâtiment plus loin dans un restaurant turc.

Dans sa vidéo, cet homme au crâne rasé s'insulte lui-même face à son plan qui ne se déroule pas comme prévu. Il se qualifie de "loser incompétent" et ajoute: "Je suis ici et puis je meurs, le loser que je suis." 

"L'Holocauste n'a jamais existé"

Selon les balbutiements de l'enquête, Stephan Balliet se serait radicalisé en ligne. Dans sa vidéo, il exprime sa haine à l'égard des Juifs, affirmant en autre "que l'Holocauste n'a jamais existé" ou que la "racine de tous les problèmes, c'est le Juif."

Jusqu'à présent, il n'était pas connu des services de police et les autorités ne le considéraient pas comme un extrémiste de droite, selon la presse allemande.

Officiellement, il ne détenait pas d'armes. Dans sa vidéo, il affirme avoir fabriqué ses propres armes mais, alors que son fusil artisanal fonctionne mal, il s'excuse à plusieurs reprises auprès de ses abonnés. Il s'adresse de manière répétées aux "gars" censés voir sa vidéo en direct, comme s'il appartenait à une large communauté. Le film n'a toutefois été vu en direct que par 5 personnes, selon la plateforme concernée, Twitch.

Suivant l'exemple du Norvégien Anders Behring Breivik, l'extrémiste de droite responsable de la mort de 77 personnes lors d'un attentat en 2011 dans son pays, Stephan Balliet a également publié en ligne un "manifeste" d'une dizaine de pages dans lequel il exprime notamment sa haine des Juifs.

Ce choix "montre clairement qu'il n'essayait pas d'impressionner les néo-nazis locaux, mais que son 'public' était sur des forums" en ligne, avance Peter Neumann, expert en terrorisme au King's College de Londres.
Hugo Septier avec AFP