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Situation habituelle ou navire en perdition? Un sous-marin russe aperçu au large du détroit de Gibraltar

Le sous-marin russe Novorossiisk au large du détroit de Gibraltar, le 26 septembre 2025.

Le sous-marin russe Novorossiisk au large du détroit de Gibraltar, le 26 septembre 2025. - Images Peter Ferrary

Une chaîne Télégram proche des renseignements russes rapporte la panne d’un sous-marin au large de Gibraltar. Toutefois, les autorités et les spécialistes appellent à la prudence.

Il a été repéré au large de Gibraltar ce vendredi 26 septembre. Un sous-marin russe, le Novorossiisk, a été photographié alors qu'il se trouvait en surface et qu'il était visible depuis la côte. Une situation assez inhabituelle.

Selon des sources du renseignement en source ouverte ainsi que la chaîne Telegram russe d'opposition au régime de Vladimir Poutine Tchéka-Ogpu, le Novorossiisk serait en grande difficulté en raison d'importants problèmes techniques. Tchéka-Ogpu affirme en effet qu'une fuite de carburant aurait été détectée et l'équipage serait incapable de la maîtriser.

"Il n'y a ni pièces de rechange ni spécialistes qualifiés à bord et l'équipage est incapable de réparer les pannes", peut-on ainsi lire sur cette chaîne, qui ajoute que "l'équipage n'a pas d'autres choix que de vidanger la cale", sinon, le sous-marin risquerait l'explosion.

Si le Novorossiisk est surveillé de près par les forces de l'Otan, il est pour l'instant impossible de vérifier ces informations et des spécialistes appellent à la prudence. "Pour le moment on n'a pas détecté par exemple de rejet de gazole à la surface", illustre à cet égard Jean-Louis Vichot, ancien commandant de sous-marin.

"Et il a plongé ce week-end, donc s'il a plongé, c'est qu'il n'y a pas de risque d'explosion à bord", ajoute-t-il.

Actuellement dans le golfe de Gasgogne

L'un des indicateurs du bon fonctionnement d'un sous-marin de ce type, appartenant à la catégorie "Kilo" selon les critères de l’Otan, est sa capacité à plonger. Le Novorossiisk "navigue seul et par ses propres moyens, une cinématique qui signifie déjà qu'il n'est pas en perdition", indique également le site Mer et Marine.

Auprès de 20 Minutes, la préfecture maritime de l'Atlantique a déclaré n'avoir "aucun élément qui laisse penser que le sous-marin est en difficulté", notamment en raison de l'absence de sollicitation d'assistance. Le capitaine de frégate Guillaume Le Rasle dit ainsi se montrer "très prudent même si nous n'avons pas de relations très proches avec les Russes".

Car le sous-marin de près de 73 mètres de longueur et équipé de torpilles et de missiles de croisière se trouverait actuellement dans le golfe de Gascogne. Il serait parti de Russie au mois de juin. Après avoir été aperçu près du détroit de Gibraltar, il aurait donc quitté la Méditerranée pour rejoindre l'Atlantique où il aurait navigué à environ 200 kilomètres des côtes portugaises.

Le trajet supposé du sous-marin russe Novorossiisk en septembre 2025.
Le trajet supposé du sous-marin russe Novorossiisk en septembre 2025. © BFMTV

Des incursions régulières

Depuis plusieurs années, la Russie est coutumière des incursions au large des côtes européennes. Le Novorossiisk, rattaché à la flotte russe de la mer Noire et mis en service en 2014, avait déjà fait parler de lui en 2022 lorsqu'il avait été repéré au large des côtes bretonnes. Il avait finalement été escorté par la Marine française puis par des patrouilles européennes.

Dès 2017, Jean-Yves Le Drian, alors ministre des Affaires étrangères, expliquait que des sous-marins russes approchaient désormais des côtes bretonnes. "Ce que l'on avait plus vu depuis longtemps", avait-il indiqué. Plus récemment, en juin, un chalutier breton avait fait la surprenante rencontre d'un sous-marin russe de classe Kilo qui était pisté par la Marine française.

Chaque année, la préfecture maritime de Brest observe une trentaine de mouvements montants et descendants d'unité russe. Mais depuis le départ de Bachar al-Assad de Syrie, plus d'une cinquantaine de mouvements ont été recensés. En effet, alors que le détroit du Bosphore est fermé et que Moscou a perdu sa base navale de Tartous en Syrie, la flotte russe a repositionné certains sous-marins.

Salomé Robles