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Russie: Greenpeace s'insurge contre la détention de militants

Une photo prise par Denis Sinyakov, lui-même détenu, de l'Américain Peter Willcox, qui avait commandé le Rainbow Warrior, bateau de l'ONG écologiste coulé en 1985 par les services secrets français.

Une photo prise par Denis Sinyakov, lui-même détenu, de l'Américain Peter Willcox, qui avait commandé le Rainbow Warrior, bateau de l'ONG écologiste coulé en 1985 par les services secrets français. - -

Ce vendredi, 26 étrangers et 4 Russes sont toujours en détention en Russie pour des durées variables, après une action militante contre une plateforme Gazprom. L'organisation écologiste veut faire appel de cette décision.

Greenpeace n'entend pas céder. Après l'arrestation de militants de Greenpeace pour "piraterie", un crime passible de 15 ans de prison, "le groupe n'est pas intimidé et ses avocats vont faire appel en demandant la libération immédiate des personnes détenues", a souligné Greenpeace, dans un communiqué vendredi.

Les militants ont été interpellés manu militari le 19 septembre dernier après avoir tenté d'accoster sur une plateforme du géant russe Gazprom dans l'Arctique, afin de dénoncer les projets d'exploitation pétrolière dans cette zone.

L'ONG indique qu'elle va faire appel des décisions d'un tribunal de Mourmansk, dans le nord-ouest du pays, qui a placé en détention les 30 membres de l'équipage du brise-glace Arctic Sunrise, dont 26 étrangers ressortissants de 18 pays.

Des figures du militantisme écologique

"Sur les 30, 22 resteront en détention pendant deux mois et huit pendant trois jours", a indiqué Greenpeace International. Ainsi, un porte-parole de l'ONG, le Suédois Dmitri Litvinov, fils du célèbre dissident et prisonnier politique de l'époque soviétique Pavel Litvinov et arrière-petit-fils d'un ministre des affaires étrangères de Staline, a vu sa détention préventive prolongée de 72 heures.

Parmi les personnes emprisonnées pour deux mois, figurent également le capitaine, l'Américain Peter Willcox, qui avait commandé le Rainbow Warrior, le bateau de l'ONG écologiste coulé en 1985 dans le port d'Auckland, en Nouvelle-Zélande, par les services secrets français. On trouve aussi le photographe russe Denis Siniakov qui avait travaillé à l'AFP et Reuters à Moscou et dont la détention a provoqué un tollé dans les milieux journalistiques russes

Le comité d'enquête russe a averti dès jeudi qu'il voulait que les 30 membres d'équipage de l'Arctic Sunrise, navire battant pavillon néerlandais, soient maintenus en détention le temps de conclure l'enquête. Les enquêteurs ont estimé que les membres de l'équipage pourraient fuir la Russie s'ils étaient relâchés.

Le soutien partagé des médias russes

Les médias russes de tous bords ont exprimé vendredi leur solidarité avec le photographe Denis Siniakov. Plusieurs d'entre eux comme la télévision pro-Kremlin NTV, la radio indépendante Echo de Moscou ou la télévision d'opposition Dojd ont mis sur leurs sites des carrés noirs à la place de photos.

"Le placement en détention pour deux mois de Denis Siniakov deviendra un précédent pour le journalisme en Russie", écrit dans une tribune le quotidien des affaires Vedomosti. "Le travail professionnel du journaliste qui couvre une inondation, une grève ou une manifestation de l'opposition est souvent interprété par les forces de l'ordre comme violation de la loi ou complicité", poursuit le journal.

Le quotidien Kommersant souligne pour sa part une faible mobilisation des ambassades "qui ne se dépêchent pas de protester après l'arrestation de leurs ressortissants" et explique cette frilosité par "le caractère juridiquement délicat" de l'opération de Greenpeace qui pourrait être interprétée comme violation du droit international.

Le quotidien pro-Kremlin Izvestia écrit de son côté qu'aux termes de la loi russe le navire de Greenpeace pourrait être confisqué par l'Etat russe.

David Namias avec AFP