"Procès truqué", "injustice flagrante": plusieurs pays dénoncent la nouvelle condamnation de Navalny

L'opposant russe Alexeï Navalny (G) avec ses avocats lors de l'énoncé en prison de sa condamnation à 9 ans de détention, le 22 mars 2022 à Pokrov, à 100 km de Moscou - - © 2019 AFP
Plusieurs pays ont dénoncé vendredi la condamnation de l'opposant russe Alexeï Navalny à 19 années de prison supplémentaires en Russie. Une peine qu'il devra purger dans une nouvelle colonie pénitentiaire aux conditions particulièrement difficiles, à l'issue d'un nouveau procès pour "extrémisme" lors duquel l'opposant, qui comparaissait à huis clos, avait dit s'attendre à une peine "longue, stalinienne".
Dans un communiqué, le ministère français des Affaires étrangères a condamné vendredi "avec la plus grande vigueur" une peine "abusive", y voyant "un acharnement judiciaire" l'encontre de l'opposant russe.
"Nous appelons une nouvelle fois les autorités russes à libérer M. Navalny immédiatement et sans conditions, ainsi que tous les prisonniers politiques", a réagi le Quai d'Orsay.
L'UE fustige une condamnation "aux motivations politiques"
L'Union européenne a fustigé une condamnation "aux motivations politiques" et a de nouveau appelé à sa libération "immédiate et inconditionnelle", par la voix du chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.
L'UE "déplore également que les audiences aient eu lieu dans un cadre fermé, inaccessible à sa famille et aux observateurs, dans une colonie pénitentiaire de régime strict à l'extérieur de Moscou, où M. Navalny purge déjà des peines politiquement motivées d'un total de 11,5 ans", a affirmé Josep Borrell dans un communiqué.
À l'issue d'un "procès truqué", "cette condamnation arbitraire est une réponse à son courage de critiquer le régime du Kremlin", a également écrit le président du Conseil européen, Charles Michel, sur X (ex-Twitter).
L'ONU dénonce une "instrumentalisation du système judiciaire"
Cette condamnation "suscite de nouvelles inquiétudes concernant le harcèlement judiciaire et l'instrumentalisation du système judiciaire à des fins politiques en Russie", a aussi déclaré le Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk, dans un communiqué.
Les États "ont l'obligation de respecter (...) l'ensemble des droits à un procès équitable et à une procédure régulière pour tous les individus privés de liberté", a rappelé Volker Türk.
"J'appelle les autorités russes à respecter ces obligations en cessant immédiatement les violations des droits humains de M. Navalny et en le libérant", a-t-il ajouté.
Une "injustice flagrante"
Dans un communiqué, le département d'État, l'équivalent américain du ministère des Affaires étrangères, a déploré l'"issue injuste d'un procès injuste". "Pendant des années, le Kremlin a tenté de réduire Navalny au silence et d'empêcher que ses appels à la transparence et à la responsabilité ne parviennent au peuple russe", a déclaré le porte-parole du département d'État dans son communiqué.
"En menant ce dernier procès en secret et en limitant l'accès de ses avocats aux prétendues preuves, les autorités russes ont illustré une fois de plus le manque de fondement de leur affaire et l'absence de procédure régulière accordée à ceux qui osent critiquer le régime", a-t-il ajouté.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a dénoncé une "injustice flagrante" à l'annonce du verdict. "Poutine ne craint rien de plus que ceux qui s'opposent à la guerre, à la corruption et défendent la démocratie, même depuis une cellule de prison. Il ne fera pas taire les voix critiques", a ajouté la ministre dans un message sur X (ex-Twitter).
Cette condamnation "montre le mépris complet de la Russie pour les droits humains les plus basiques", a aussi écrit le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly sur X.
Le principal opposant russe a été emprisonné à son retour en Russie, début 2021, après avoir survécu in extremis à un empoisonnement qu'il impute aux services de sécurité russes agissant sur ordre du maître du Kremlin, puis il a été condamné à deux reprises.