"Il nous dit 'je ne suis pas mort'": le général Desportes analyse la nouvelle stratégie de Poutine en Ukraine

Au lendemain des frappes russes massives en Ukraine qui ont au total tué 19 personnes, de nombreuses questions restent en suspens. Si certains experts voient dans cette contre-offensive un aveu de faiblesse de la part de Moscou, réduit à frapper l'ennemi à longue distance, d'autres estiment que la guerre prend un nouveau tournant et entre dans une nouvelle phase.
Invité ce mardi matin sur BFMTV-RMC, le général Vincent Desportes, ancien directeur de l’École de guerre et professeur de stratégie à Sciences Po et HEC, estime de son côté que les bombardements de ce lundi sont "un retour en arrière, une reprise de la guerre de terreur" avec un message bien clair de la part du Kremlin à l'intention de l'Occident.
"Ça nous dit ‘je ne suis pas mort, vous les Européens qui m’avez vu enfoncé, je suis en mesure de réagir, et de réagir brutalement, méfiez-vous avant de vendre la peau de l’ours russe, assurez-vous de l’avoir tué'", analyse-t-il, rappelant que l'armée russe possède 6000 têtes nucléaires.
Quelle issue?
Pour l'expert, l'issue de ce conflit reste incertaine d'autant que "l'on est dans une démarche d'escalade." Militairement parlant, Vincent Desportes affirme que pour l'heure, "on peut dire que l'armée ukrainienne à un avantage" mais qui est loin d'être décisif.
"Cela ne veut pas dire que l'armée russe va perdre" malgré les défaites récentes, martèle-t-il.
Pour lui, il convient "d'aider l'Ukraine", mais en même temps "d'avoir une grande stratégie" afin de sortir du conflit. "Le but de la guerre ce n’est pas la guerre mais la paix. Le problème ici c’est: que voulons-nous après? L’homme d’Etat qui se laisse prendre par l’instinct guerrier court à sa perte."
Un voeu pieux tant les deux parties, Russie en tête, ne semblent pas vouloir s'installer à la table des négociations et mettre un terme au conflit.
"Le pari de Poutine est de tenir jusqu'à l'hiver puis de repartir en profitant des caractéristiques gigantesques de son pays. Il n'est pas prêt de rentrer dans les négociations. Il joue sa vie et croit en ses chances, c'est le syndrome du parieur: 'j'ai tellement misé que je ne peux pas arrêter maintenant'", conclut Vincent Desportes.