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Guerre en Ukraine: comment la Russie a préparé la contre-offensive menée par Kiev

Une drone iranien de type Shahed-136 survole Kiev lors d'une attaque le 17 octobre 2022, lors d'une frappe russe

Une drone iranien de type Shahed-136 survole Kiev lors d'une attaque le 17 octobre 2022, lors d'une frappe russe - Yasuyoshi Chiba / AFP via Getty Images

L'Ukraine a débuté il y a quelques jours sa contre-offensive visant à tenter de percer les défenses russes. Mines, matériel, exercices: la Russie a également pu se préparer à cette contre-offensive annoncée depuis plusieurs mois.

L'Ukraine n'est pas la seule à avoir préparé la contre-offensive annoncée depuis des mois. Le 3 avril déjà, l'état-major des armées ukrainiennes rapportait sur ses réseaux sociaux que la Russie "renforçait ses capacités défensives" dans les régions de Zaporijia et de Kherson, situées à proximité de la ligne de front.

Cette défense passe notamment par des champs de mines, utilisés avec des fortifications "pour repousser ou ralentir" les forces ukrainiennes, selon la note du 10 juin de l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW), un centre de réflexion américain.

Ces fortifications sont par exemple des "tranchées en béton et des bunkers de commandement renforcés, des enchevêtrements de barbelés" et des fossés antichars, selon un article du 19 mai du Royal united service institute (Rusi), un centre de réflexion britannique spécialisé dans les questions de défense.

Plusieurs lignes défensives

Le long du front, les Russes ont déployé "à peu près six lignes défensives", a précisé le 9 mai une source militaire française à l'AFP.

"La première ligne, ce sont des points d'appui qui permettent de voir ce qui arrive, la deuxième, c'est davantage pour arrêter une attaque, c'est largement miné. Puis c'est l'artillerie, les premiers chars pour contre-attaquer, et enfin les réserves puis les postes de commandement et la logistique", a détaillé le haut gradé. Le tout sur une trentaine de kilomètres.

Pour les Ukrainiens, "les opérations initiales de la contre-offensive pourraient être les plus difficiles et les plus lentes", selon l'ISW. "Des revers initiaux sont à prévoir" avant de parvenir à briser des lignes de défense bien établies, consolidées depuis des mois par les Russes.

Des exercices et du matériel amélioré

Pour se préparer, la Russie a aussi pu mener des exercices militaires. Le ministère britannique de la défense a rapporté un "exercice de sécurité" le 24 mai autour du pont de Crimée, une péninsule du sud de l’Ukraine annexée par la Russie en 2014. Les forces russes ont "notamment créé un écran de fumée, masquant partiellement le pont".

Au cours des derniers mois, "la Russie s'est très probablement efforcée d'assurer son approvisionnement à long terme" en drones iraniens, a affirmé le ministère britannique de la Défense dans son point quotidien du 13 juin. Moscou "s'efforce également de lancer une production nationale" de drones "très certainement avec l'aide de l'Iran", a-t-il ajouté. Pour autant, Vladimir Poutine a assuré ce mardi manqué de "munitions de haute précision, d'équipements de communication et de drones".

De manière générale, la Russie a cherché à améliorer une partie de son matériel depuis le début de la guerre. Elle a par exemple "commencé à utiliser le camouflage thermique sur ses véhicules et, grâce à une série d'autres modifications", "réduit la détectabilité des chars à distance de sécurité", note le Rusi.

Des progrès que Poutine n'a pourtant pas revendiqué ce mardi. "Il est clairement apparu que plusieurs choses manquaient: des munitions de haute précision, des équipements de communication, des drones", a énuméré Vladimir Poutine lors d'une réunion avec des correspondants de guerre russes.

"Nous en avons, mais pas en quantité suffisante, malheureusement", a-t-il ajouté.

L'Ukraine a quant à elle bénéficié de l'apport d'équipements modernes occidentaux. Le Rusi souligne que toutes les améliorations opérées par Moscou visent à "compenser les graves déficiences des unités russes". Si "les forces armées russes représentent un défi important pour les militaires ukrainiens sur le plan de la défense", elles peuvent aussi "perdre rapidement leur coordination".

Sophie Cazaux