"C’est très étrange": une habitante de Rostov raconte la journée passée sous le contrôle de Wagner

L'espace de 24 heures, le groupe Wagner a pris le contrôle du QG militaire de Rostov-sur-le-Don, ville du sud de la Russie, faisant vaciller le Kremlin, avant de finalement quitter ses positions après la volte-face de son chef Evguéni Prigojine. Les habitants sur place ont vécu une journée entre peur et incompréhension, comme le raconte Maria à BFMTV.
Une ville "déserte"
Si la venue des combattants du groupe paramilitaire russe Wagner a généré des scènes de bagarres à Rostov, entre soutiens et opposants au groupe rebelle, selon Maria, la plupart des habitants, inquiets, ont préféré rester chez eux.
"(C')est un jour férié estival, il fait beau dans cette ville au sud, mais elle est déserte", raconte-t-elle samedi, jour de la mutinerie, à BFMTV.
"Vraiment, c’est très silencieux. Et bien sûr, les personnes sont très tendues", souligne-t-elle.
Préférant ne pas prendre parti publiquement sur la rébellion de Wagner, elle estime qu'en majorité, "les gens ne veulent pas se créer de problèmes". "Tout ce qui compte, c’est qu’ils ne nous bombardent pas", assure-t-elle.
Des troupes entrées "librement"
Les habitants de Rostov se disent d'abord surpris de voir avec quelle facilité les chars de Wagner sont entrées dans leur ville et en ont pris le contrôle.
"On ne sait toujours pas comment ça a pu arriver que ces troupes aient pu rentrer aussi librement et pourquoi on ne les a pas arrêtés lorsqu’ils ont passé les check-points. C’est très étrange", estime Maria.
Elle affirme que chez les habitants de Rostov, beaucoup ont le "sentiment" que le patron de Wagner "n'est pas seul, qu’il reçoit le soutien d’autres forces avec qui il aurait passé un pacte". "Tout le monde se dit la même chose, même les électeurs de Poutine", affirme-t-elle.
Autre détail étonnant, la sympathie et la décontraction des combattants de Wagner, vus aux terrasses de café ou en train de faire leurs courses au supermarché local. Un comportement a priori bien loin de celui attendu d'hommes menant une mutinerie et s'apprêtant à prendre Moscou.

La foule en gare de Rostov
Pendant ce temps, nombre d'habitants se sont précipités dans les supermarchés pour faire des stocks préventifs de nourriture. "Il y avait du monde dans les magasins. Les produits essentiels comme la farine, le riz ou les œufs, les gens en achetaient beaucoup", raconte Maria, tout en précisant que "les rayons n’étaient pas vides non plus".
D'autres ont préféré partir en direction de la gare. Bien qu'il s'agissait samedi d'un jour férié et qu'il n'est donc pas étonnant de voir les Russes rejoindre les campagnes avoisinantes, le nombre de personnes à la gare était malgré tout inhabituel, selon Maria.
"Certains ont eu peur donc il y a eu un flux un peu plus important pour partir, d’autant que les routes étaient bloquées", explique-t-elle.
Le siège de Wagner n'aura finalement duré que 24 heures à Rostov-sur-le-Don. Les soldats partis, ils laissent les habitants taraudés par de nombreuses questions.