Le Dalaï Lama affirme que son successeur "naîtra" hors de Chine, "dans le monde libre"

Le Dalaï Lama, ici photographié en 2023. - Sanjay Baid
Le Dalaï Lama, leader spirituel du bouddhisme tibétain, affirme, dans un nouveau livre publié ce mardi 11 mars, que son successeur naîtra en dehors de la Chine, "dans le monde libre".
"Puisque le but d’une réincarnation est de poursuivre l’œuvre du prédécesseur, le nouveau Dalaï Lama naîtra dans le monde libre afin que la mission traditionnelle du Dalaï Lama (...) continue", écrit dans son livre Tenzin Gyatso, le 14e Dalaï Lama.
Un extrait consulté par Reuters et relayé par le Guardian. Le chef spirituel bouddhiste vit en exil en Inde depuis la répression meurtrière d'un soulèvement populaire par l'armée chinoise en 1959. Il a formellement quitté en 2011 ses fonctions de chef politique et transmis le pouvoir séculier à un gouvernement choisi démocratiquement par quelque 130.000 Tibétains à travers le monde.
"Un cadre pour l'avenir du Tibet"
Intitulé Une voix pour les sans-voix, l'ouvrage décrit largement ses "discussions avec les dirigeants successifs de la République populaire de Chine au nom du Tibet et de son peuple".
"Du jeune homme de 19 ans négociant avec un Mao au sommet de sa puissance jusqu'à mes récentes tentatives de communication avec le président Xi Jinping, j'exprime dans ce livre la sincérité de nos efforts", souligne le Dalaï Lama. "Mon espoir est que ce livre (...) offre un cadre pour l'avenir du Tibet après ma mort (...) des réflexions sur une possible voie à suivre", poursuit-il.
"Le droit du peuple tibétain à diriger sa terre natale ne peut pas lui être indéfiniment refusé, ni son aspiration à la liberté réprimée pour toujours", écrit encore le guide spirituel.
"Il est une leçon claire de l'Histoire: si vous maintenez un peuple constamment mécontent, vous ne pouvez pas avoir de société solide", ajoute-t-il.
Il plaide pour un "climat" de dialogue avec Pékin
Les discussions entre Pékin et les chefs tibétains sont gelées depuis 2010. De nombreux Tibétains en exil redoutent que Pékin ne profite de la mort de l'actuel Dalaï Lama pour lui nommer un successeur entièrement à sa main. Les bouddhistes tibétains le considèrent comme la 14e réincarnation de leur chef d'il y a environ six siècles, choisi selon la tradition par des moines.
Depuis qu'elle a repris en 1950 le contrôle total de cette province auparavant largement autonome, la Chine considère le Tibet comme une partie intégrante de son territoire.
"Ce n'est qu'en créant un climat où les deux parties peuvent se parler et négocier librement qu'une paix durable sera possible", plaide le Dalaï Lama dans son livre. "Une chose est sûre", ajoute-t-il, "aucun régime totalitaire, qu'il soit dirigé par un individu ou un parti, ne peut durer éternellement".