Tensions au Cachemire: le Pakistan frappe l'Inde en riposte à des missiles indiens

Ce matin, samedi 10 mai, le Pakistan a frappé l'Inde après que New Delhi a tiré des missiles sur des bases aériennes pakistanaises, dans l'une des pires confrontations entre les deux puissances nucléaires qui a déjà fait une cinquantaine de morts civils.
Les pays membres du G7 ont appelé à "une désescalade immédiate" et les États-Unis, alliés historiques du Pakistan, mais qui se sont rapprochés de l'Inde ces dernières décennies, ont offert leur médiation.
Selon des sources de sécurité pakistanaises, leur armée a lancé samedi une riposte contre l'Inde après que New Delhi a visé dans la nuit des bases aériennes pakistanaises, dont une aux portes d'Islamabad.
Le ministre de l'Information du Cachemire pakistanais, Mazhar Saeed Shah, a en outre affirmé à l'AFP que "11 personnes, dont quatre femmes et un enfant" avaient été tuées dans la nuit, "dans d'intenses bombardements indiens, sur plus de cinq endroits de la Ligne de contrôle", la frontière de facto dans la région disputée.
Des journalistes de l'AFP ont entendu ce samedi matin des explosions retentir dans la ville de Srinagar, dans la partie indienne du Cachemire que se disputent les deux pays.
Dans la foulée, l'armée indienne a confirmé avoir été de nouveau attaquée par Islamabad, notamment par des drones, en plusieurs points le long de sa frontière occidentale. Elle a dénoncé "l'escalade évidente du Pakistan".
Avant l'aube, deux explosions avaient retenti à Islamabad et à Rawalpindi, ville toute proche où se trouvent l'état-major et les services du renseignement. Le porte-parole de l'armée pakistanaise est alors apparu à la télévision d'État pour annoncer que "l'Inde a (avait) attaqué avec des missiles (...) les bases de Nour Khan, Mourid et Chorkot ont été visées".
Un appel à "désescalade"
Mercredi, l'Inde avait frappé le territoire pakistanais, en représailles à un attentat commis le 22 avril dans le Cachemire indien. Cette attaque qui a tué 26 civils n'a pas été revendiquée mais New Delhi accuse Islamabad malgré ses dénégations.
Depuis, les frappes de missiles, les tirs d'artillerie et les attaques de drones se succèdent alors que les deux rivaux depuis leur douloureuse partition en 1947, ignorent tous les appels à l'apaisement.
De son côté, le G7 a mis en garde dans un communiqué contre "la poursuite de l'escalade militaire (qui) constitue une menace sérieuse pour la stabilité régionale". Le groupe a exhorté les deux adversaires "à entreprendre un dialogue direct en vue d'une issue pacifique".
Face à cette escalade, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a aussitôt appelé le chef de l'armée pakistanaise Asim Mounir. Il "a continué d'exhorter les deux parties à trouver des moyens d'arriver à une désescalade et a proposé l'assistance des États-Unis pour entamer des discussions constructives afin d'éviter de futurs conflits", selon un communiqué du département d'État.
Après la visite de la diplomatie iranienne à Islamabad et New Delhi, le chef de la diplomatie saoudienne, Adel Al-Jubeir a également tenté une médiation en se rendant ces derniers jours dans les deux pays.
Des accusations mutuelles, mais difficiles à confirmer
New Delhi avait affirmé ces derniers jours avoir été la cible d'une vague d'attaques de drones pakistanais au Cachemire et au Penjab, État frontalier dans le nord-ouest. Ce que disent les deux camps est impossible à vérifier de source indépendante, notamment parce que de nombreuses zones sont inaccessibles.
L'Inde a fermé 24 aéroports et les médias locaux affirment que le trafic aérien sera suspendu jusqu'à la semaine prochaine.
Le centre de réflexion International Crisis Group (ICG) s'est inquiété de "la rhétorique belliqueuse, l'agitation intérieure et la logique jusqu'au-boutiste de la surenchère".