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"J'ai vu des obus tomber": violents bombardements entre l'Inde et le Pakistan, au moins 34 morts

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D'intenses tirs d'artillerie opposent l'Inde et le Pakistan le long de leur frontière contestée au Cachemire, après des frappes indiennes sur le sol pakistanais en représailles à l'attentat du 22 avril.

Le bilan humain continue d'augmenter. D'intenses tirs d'artillerie opposent l'Inde et le Pakistan le long de leur frontière contestée du Cachemire, quelques heures après des frappes indiennes menées mercredi 6 mai sur le sol pakistanais en représailles à l'attentat meurtrier du 22 avril.

L'armée pakistanaise annonce un nouveau bilan de "26 civils tués" dans ces frappes et de 46 blessés dans des frappes de l'armée indienne sur "six endroits" au Pakistan et des échanges de tirs entre les deux armées dans le Cachemire, a annoncé mercredi le porte-parole de l'armée pakistanaise, le lieutenant-général Ahmed Chaudhry.

Selon lui, la frappe la plus meurtrière a tué 13 civils, "dont deux fillettes de trois ans", dans une mosquée de Bahawalpur, dans le Pendjab pakistanais, liée selon le renseignement indien à des groupes armés cachemiris.

Côté indien, au moins 8 personnes ont été tuées dans le village indien de Poonch (nord-ouest) lors des tirs d'artillerie, a-t-on appris auprès d'un responsable local. Un total de 29 autres personnes ont été blessées lors de ces bombardements, a précisé à l'AFP ce responsable, Azhar Majid.

"Nous avons été réveillés par des tirs (...) j'ai vu des obus tomber. J'ai dit à mes associés de sortir du bâtiment, j'ai eu peur que le toit ne s'écroule", a rapporté à l'agence Press Trust of India (PTI) un habitant de Poonch, Farooq.

De violentes explosions ont également été entendues plus tôt dans la nuit autour de Srinagar, la principale ville de la partie indienne du Cachemire, ont rapporté des journalistes de l'AFP.

"Désamorcer la situation"

Dans la nuit, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu avec ses homologues indien et pakistanais en les appelant au dialogue pour "désamorcer la situation et d'éviter une nouvelle escalade", selon le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

Interrogé par la presse peu auparavant, Donald Trump a dit espérer que les affrontements entre Inde et Pakistan "s'arrêtent très rapidement". "Le monde ne peut pas se permettre une confrontation militaire", a pour sa part plaidé le porte-parole du secrétaire général l'ONU.

La Chine a appelé les deux pays" à rester calmes, à faire preuve de retenue et à éviter de prendre des mesures qui compliqueraient davantage la situation".

"Infrastructures terroristes"

L'armée indienne a annoncé qu'elle tiendrait un point de presse à 10h locales (6h30, heure française). Deux semaines après l'attaque qui a fait 26 morts à Pahalgam, dans la partie indienne du Cachemire, l'Inde a mis ses menaces à exécution. Dans la nuit de mardi à mercredi, elle a tiré des missiles sur neuf sites abritant selon elle des "infrastructures terroristes" au Pakistan, qu'elle accuse d'être responsable de l'attentat.

De la fumée s'élève après qu'un obus d'artillerie est tombé sur la ville principale du district de Poonch, dans la région indienne de Jammu, le 7 mai 2025
De la fumée s'élève après qu'un obus d'artillerie est tombé sur la ville principale du district de Poonch, dans la région indienne de Jammu, le 7 mai 2025 © Punit Paranjpe / AFP

Islamabad a démenti toute implication dans cette attaque, la plus meurtrière visant des civils au Cachemire depuis plus de vingt ans. L'un des sites visés dans la nuit par l'armée indienne est la mosquée Subhan, à Bahawalpur, dans le Pendjab pakistanais, liée selon le renseignement indien à des groupes proches du mouvement jihadiste Lashkar-e-Taiba (LeT).

L'Inde accuse ce groupe, soupçonné des attaques qui avaient fait 166 morts à Bombay en 2008, d'avoir mené l'attentat de Pahalgam. Les villes de Kotli et Muzaffarabad, à 120 et 130 km de la capitale Islamabad, font partie des cibles visées par les missiles indiens, selon le Pakistan.

À Muzaffarabad, la police et l'armée ont bloqué tous les accès à la mosquée Bilal, visée par une frappe indienne. Plusieurs habitations alentours ont été aussi été touchées et la population du quartier évacuée, selon des journalistes de l'AFP.

Ripose pakistanaise

La riposte pakistanaise n'a pas tardé, sous la forme de tirs d'artillerie visant plusieurs points situés sur le territoire indien. La riposte a commencé et si Dieu le veut, elle va s'accentuer (...) il ne faudra pas beaucoup de temps pour régler le problème", a menacé dans un entretien accordé à l'AFP le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif.

Le Comité de la sécurité nationale pakistanais, une instance uniquement convoquée pour les situations extrêmes, doit se réunir mercredi matin. Environ 200 Pakistanais ont défilé tôt mercredi matin dans la ville méridionale de Hyderabad, brûlant des drapeaux indiens et des portraits du Premier ministre indien Narendra Modi.

"Aucune installation militaire pakistanaise n'a été visée", a assuré le gouvernement indien, estimant faire preuve d'une "retenue considérable" pour "éviter toute escalade". "L'action irresponsable de l'Inde rapproche les deux États nucléaires d'un conflit majeur", a pour sa part estimé la diplomatie pakistanaise.

 Inde : pourquoi le Premier ministre Narendra Modi veut-il changer le nom de son pays ?
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New Delhi doit recevoir mercredi le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, qui était lundi à Islamabad pour une médiation. Juste avant les premières frappes de son armée, Narendra Modi avait annoncé son intention de "couper l'eau" des fleuves qui prennent leur source en Inde et irriguent le Pakistan.

"L'eau appartenant à l'Inde s'écoulait jusque-là vers l'extérieur, elle sera désormais stoppée pour servir les intérêts de l'Inde", a déclaré Narendra Modi. Dès le lendemain de l'attentat, l'Inde avait suspendu sa participation à un traité de partage des eaux signé en 1960 avec son voisin.

Mardi, le Pakistan avait accusé l'Inde de modifier le débit du fleuve Chenab, l'un des trois placés sous son contrôle selon le traité dit de l'Indus. Ce document accorde à New Delhi le droit d'utiliser les fleuves partagés pour ses barrages ou ses cultures, mais lui interdit de détourner des cours d'eau ou d'altérer le volume d'eau en aval.

Lucie Valais avec AFP