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Corée du Sud

Corée du Sud: les députés commencent à voter sur la destitution du président Yoon, des dizaines de milliers de manifestants dans la rue

Les députés sud-coréens votent sur la motion de destitution du président Yoon Suk Yeol, le 7 décembre 2024

Les députés sud-coréens votent sur la motion de destitution du président Yoon Suk Yeol, le 7 décembre 2024 - JEON HEON-KYUN / POOL / AFP

Le vote a été boycotté par les députés du parti du président Yoon Suk Yeol. La motion de destitution a peu de chances d'aboutir.

Les députés sud-coréens ont commencé samedi 7 décembre à voter sur la motion de destitution du président Yoon Suk Yeol, qui paraît vouée à l'échec en raison du boycott de la séance par la plupart des élus du parti au pouvoir.

Un par un, les députés ont commencé à glisser leur bulletin dans l'urne, selon des images de la séance retransmises en direct. La motion doit obtenir 200 voix sur 300 pour être adoptée, mais l'opposition ne dispose que de 192 sièges.

Boycott du parti du président

Les images de la séance retransmises en direct ont montré les députés du Parti du pouvoir au peuple (PPP) de Yoon Suk Yeol quitter la chambre avant le passage au vote, alors même que des dizaines de milliers de manifestants sont massés devant le bâtiment pour réclamer le départ de Yoon.

Selon les médias sud-coréens, seuls deux députés du PPP ont décidé de rester dans l'hémicycle. Un troisième s'est présenté et a voté lui aussi. Un boycott qui survient malgré l'insistance du président de la chambre Woo Won-shik qui a laissé le scrutin ouvert en espérant que d'autres se présenteront d'ici la fin de la soirée.

"Je lance un appel sincère et de toutes mes forces aux membres du Parti du pouvoir au peuple. S'il vous plaît, participez au vote. C'est la façon de protéger la République de Corée et sa démocratie", a-t-il lancé.

Le vote et le résultat de la motion de destitution devaient avoir lieu dans les 72 heures suivant son dépôt, soit jusqu'aux alentours de 1 heure dimanche, sous peine sinon de la voir annulée.

En attendant l'issue du vote, au moins 150.000 personnes se sont rassemblées devant le Parlement sud-coréen, selon l'agence Yonhap, pour demander au président Yoon Suk Yeol de quitter le pouvoir.

"Je présente mes excuses sincères"

Yoon Suk Yeol avait sidéré la Corée du Sud mardi soir en annonçant l'imposition de la loi martiale, une mesure sans précédent depuis le coup d'État du dictateur Chun Doo-hwan en 1980, et en envoyant l'armée au Parlement dans le but de le museler.

Dans des conditions rocambolesques, 190 députés avaient tout de même réussi à tenir une séance d'urgence dans la nuit, pendant que leurs assistants bloquaient les portes de l'hémicycle avec des meubles pour empêcher les soldats armés d'entrer. À l'unanimité, ces députés avaient voté contre la loi martiale, forçant l'impopulaire président conservateur à l'abroger au bout d'à peine six heures.

Dans une adresse télévisée à la nation d'à peine deux minutes samedi matin, Yoon Suk Yeol, 63 ans, a annoncé qu'il confierait à sa formation le soin de prendre "des mesures visant à stabiliser la situation politique, y compris concernant mon mandat".

Il a expliqué son coup de force par son "désespoir en tant que président", alors que le Parlement largement dominé par l'opposition torpillait pratiquement toutes ses initiatives.

"J'ai causé de l'anxiété et des désagréments au public. Je présente mes excuses sincères", a-t-il conclu avant de s'incliner profondément devant les téléspectateurs.

F.R. avec AFP