Mort d'un étudiant américain libéré par Pyongyang: l'issue tragique d'une histoire absurde

Otto Warmbier, lors de sa conférence de presse à Pyongyang, le 29 février 2016. - KCNA - AFP
Il était rentré aux Etats-Unis le 13 juin. Otto Warmbier, l'étudiant américain retenu pendant un an et demi en Corée du Nord, et libéré la semaine dernière, est mort lundi. Il avait été rapatrié aux Etats-Unis dans le coma et avec de graves lésions cérébrales, après 18 mois de détention. Ce jeune homme de 22 ans, âgé de 21 ans au moment des faits, avait été arrêté par le régime de Pyongyang en janvier 2016, pour avoir tenté de voler une affiche de propagande. A l'origine de cette histoire tragique, un simple déplacement touristique en Corée du Nord.
Arrêté à l'aéroport
Le 2 janvier 2016, Otto Warmbier est arrêté à l'aéroport de Pyongyang, alors qu'il s'apprête à embarquer dans un avion pour quitter le pays et regagner les Etats-Unis. L'étudiant à l'Université de Virginie achève alors un voyage de cinq jours en Corée du Nord.
Le jeune homme est accusé par le régime d'avoir voulu emporter dans ses bagages une pancarte de propagande, qu'il avait dérobée dans son hôtel, ce que les autorités nord-coréennes ont qualifié d'"acte hostile envers l'Etat". Les parents d'Otto Warmbier, eux, ont toujours clamé que l'histoire avait été fabriquée de toutes pièces par Pyongyang.
Le 29 février 2016, lors d'une conférence de presse organisée et hautement médiatisée par le régime, à laquelle la presse étrangère est conviée, Otto Warmbier reconnaît avoir volé l'affiche pour l'emmener aux Etats-Unis. Ce jour-là, l'Américain s'excuse et dit avoir commis "la pire erreur de sa vie", tout en implorant, en larmes, le régime de le pardonner et de "penser à sa famille". Il affirme également, probablement sous la pression, que "le seul but de sa mission était de porter atteinte aux motivations et à l'éthique de travail du peuple coréen". L'intégralité de la conférence de presse est visible sur Youtube.
Les Etats-Unis envoient un émissaire, l'ancien ambassadeur aux Nations Unies Bill Richardson, pour négocier la libération du jeune homme. Mais rien n'y fait. Pyongyang reste implacable et condamne Otto Warmbier à 15 ans de travaux forcés le 16 mars 2016, à l'issue d'une heure de procès, en s'appuyant sur des images de vidéosurveillance de l'hôtel montant une silhouette non identifiable décrocher une pancarte. Une peine très sévère, dont les Américains dénoncent la disproportion par rapport à l'acte commis. Pour les Etats-Unis, il est clair que la Corée du Nord arrête des Américains de façon arbitraire, et à des fins politiques.
Graves lésions cérébrales
Au cours des premiers mois de sa détention, Otto Warmbier développe une maladie qui lui affecte le cerveau, mais aucun médecin extérieur à la Corée du Nord n'est envoyé à son chevet. Selon le Washington Post, le jeune homme aurait contracté une forme de botulisme, une maladie paralytique rare, et aurait été plongé dans le coma avec une dose de somnifère pendant un an.
La semaine dernière, l'Américain est libéré, après un an et demi de détention. Pyongyang affirme que la décision a été prise pour des raisons "humanitaires", affirmant qu'Otto Warmbier "était aux travaux forcés". D'après CNN, les autorités américaines avaient appris récemment, au début du mois de juin, que l'état de santé de l'étudiant s'était dégradé.
A son arrivée aux Etats-Unis, le 13 juin, Otto Warmbier, toujours dans le coma, se trouvait dans un état stable, mais souffrait de "graves lésions neurologiques", selon les premières constations des médecins de l'hôpital UC Health University de Cincinnati, où il a été immédiatement soigné.
Qu'est-il arrivé au jeune homme? Quels traitement a-t-il reçu? Selon le New York Times, les autorités américaines ont reçu des renseignements selon lesquels Otto Warmbier a été plusieurs fois battu au cours de sa détention.
Pourquoi Otto Warmbier se trouvait-il en Corée du Nord?
Un autre élément interpelle dans cette histoire: les raisons de la présence de ce jeune Américain sur le territoire de Corée du Nord. Fin 2015, Otto Warmbier se trouvait en Chine lorsqu'il était tombé sur une agence proposant des séjours en Corée du Nord. Le jeune homme s'était alors rendu cinq jours sur place, à l'occasion du Nouvel an 2016, par le biais de l'agence Young Pioneer Tours. Dix autres ressortissants américains faisaient partie du voyage.
Depuis le début de la détention de son fils, Fred Warmbier a régulièrement pointé du doigt cette agence de voyages, l'accusant d'attirer les jeunes Occidentaux avec des slogans racoleurs comme "Voici le voyage que vos parents ne veulent pas que vous fassiez!".
Ce mardi, après l'annonce du décès de son ancien client, l'agence Young Pioneer Tours a fait savoir qu'elle cesserait d'emmener des Américains en Corée du Nord. L'agence est une des rares à organiser des voyages dans ce pays, où elle propose notamment des randonnées cyclistes, ou encore des plongées.