BFMTV
Chine

La population chinoise a baissé en 2022, une première depuis le début des années 1960

Le drapeau chinois flotte au-dessus d'un bâtiment à Yangisar, dans la province du Xinjiang en Chine, le 4 juin 2019. PHOTO D'ILLUSTRATION

Le drapeau chinois flotte au-dessus d'un bâtiment à Yangisar, dans la province du Xinjiang en Chine, le 4 juin 2019. PHOTO D'ILLUSTRATION - GREG BAKER / AFP

Cette chute devrait être durable, sur plusieurs décennies, selon de nombreux démographes, ce qui aura des conséquences sensibles sur l'économie, la société et le système de retraites.

La population de la Chine, pays le plus peuplé du monde, a baissé en 2022 pour la première fois depuis six décennies a indiqué mardi un organisme officiel. Au total, 9,56 millions de naissances ont été enregistrées l'an passé, et n'ont pas compensé les 10,41 millions de décès, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS) dans un rapport.

Les Chinois étaient autrefois connus pour leurs familles nombreuses. La population a ainsi doublé depuis les années 1960, pour dépasser 1,4 milliard aujourd'hui. Et une petite révolution s'annonce: l'Inde devrait ainsi détrôner dès cette année la Chine en tant que pays ayant le plus d'habitants, selon l'ONU.

587 millions d'habitants en 2100?

Cette chute s'annonce durable, peut-être jusqu'à la fin du siècle, selon des démographes, ce qui affectera durement l'économie et le système de retraites. Couplée au vieillissement, la baisse de la population, notamment du nombre d'actifs, devrait avoir des répercussions profondes sur l'économie chinoise pendant plusieurs décennies.

Le coût du travail devrait augmenter, rognant la compétitivité de la main d'oeuvre chinoise, et la pression sur les actifs pour assurer les soins des seniors va très nettement s'accentuer.

Paradoxalement, cette baisse intervient malgré l'assouplissement de la politique de limitation des naissances ces dernières années. Il y a encore dix ans, les Chinois n'avaient le droit d'avoir qu'un enfant. Depuis 2021, ils peuvent en avoir trois. De nombreuses autorités locales ont même déjà lancé des mesures pour inciter les couples à procréer.

La métropole de Shenzhen (sud) offre depuis quelques jours des primes à la naissance pouvant aller jusqu'à 10.000 yuans (1370 euros) et des allocations versées jusqu'aux trois ans de l'enfant. La province du Shandong (est) donne 158 jours de congés maternité (60 de plus que la norme nationale), dès le premier enfant.

La Chine pourrait n'avoir plus que 587 millions d'habitants en 2100, selon les projections les plus pessimistes d'une étude de l'Académie des sciences sociales de Shanghai.

Une chute explicable

Le coût de la vie a fortement augmenté en Chine, tout comme celui de l'éducation d'un enfant. Le niveau d'études plus élevé des femmes repousse également les grossesses.

"Il y a aussi l'habitude désormais d'avoir des petites familles, en raison de la politique de l'enfant unique en vigueur pendant des décennies", déclare Xiujian Peng, chercheuse spécialiste de la démographie chinoise à l'Université du Victoria (Australie).

L'envie d'avoir un enfant est également moins forte chez les jeunes générations. Le démographe indépendant He Yafu pointe aussi "la baisse du nombre de femmes en âge de procréer, qui a diminué de cinq millions par an entre 2016 et 2021". En 2019, l'ONU pensait encore que la Chine n'atteindrait son pic de population qu'en 2031-2032.

Mais depuis, le taux de fécondité s'est écroulé à 1,15 enfant par femme en 2021, loin derrière le seuil de renouvellement des générations (2,1). En France, il était de 1,8 en 2020.

A.G avec AFP