BFMTV
Asie

Cambodge: le meurtre mystérieux d'une famille française ressurgit

Laurent Vallier, à gauche, et ses quatre enfants à droite, ont été assassinés au Cambodge.

Laurent Vallier, à gauche, et ses quatre enfants à droite, ont été assassinés au Cambodge. - -

Laurent Vallier, veuf de 42 ans, et ses quatre enfants ont été retrouvés morts en janvier 2012 dans un étang de leur maison, au Cambodge. Mardi, le juge d'instruction a annoncé avoir acquis la conviction qu'il s'agissait de meurtres.

Laurent Vallier et ses quatre enfants ont été tués. Le juge d'instruction en charge de l'enquête sur la mort mystérieuse au Cambodge de cette famille française en a enfin la certitude. "Les enquêteurs français et moi-même avons conclu ensemble qu'il s'agit d'une affaire de meurtres", a confié mardi Chhim Rithy, magistrat du tribunal provincial de Kompong Speu, où vivait le père, guide touristique, et ses enfants.

L'histoire démarre le 15 janvier 2012. La police cambodgienne est envoyée pour la seconde fois en quelques jours au domicile de Laurent Vallier, veuf de 42 ans. La première fois, c'était sur demande de l'ambassade de France, inquiète. L'homme et ses quatre enfants, deux filles et deux garçons âgés de 2 à 9 ans, n'ont pas donné signe de vie depuis quatre mois. Les policiers étaient rentrés bredouilles de leur perquisition. Cette fois-ci, ils vont retrouver leurs corps.

Des habitants se massent pour observer les policiers récupérer le 4x4 des Vallier.
Des habitants se massent pour observer les policiers récupérer le 4x4 des Vallier. © -

Un 4x4 blanc immergé dans un étang de la propriété des Vallier, profond de 9 mètres, vient de remonter à la surface. De nombreux habitants du coin sont rassemblés en une foule compacte pour assister à l'extraction du véhicule. A l'intérieur gisent cinq cadavres, en état de décomposition très avancée. Ceux de la famille Vallier.

Un suicide? Personne n'y croit

La mère, cambodgienne, est déjà morte à cette époque. La jeune femme avait perdu la vie en 2009 en donnant naissance à son quatrième enfant. Son urne funéraire sera retrouvée elle aussi dans la voiture. "Les portières du véhicule étaient verrouillées, et le levier de vitesse enclenché sur la troisième", déclare à l'époque Kirth Chantharith, le porte-parole de la police, selon le Cambodge Post. L'enquête conclut très vite au suicide de Laurent, soupçonné d'avoir jeté la voiture à l'eau avec ses enfants.

Mais cette thèse ne convainc pas ses proches, originaires des Hautes-Pyrénées. Leur fils n'était pas dépressif, et avait surmonté le terrible décès de sa femme. Deux jours après la funeste découverte, ils portent plainte pour assassinat. Une information judiciaire est ouverte. La famille de l'épouse de Laurent est tout aussi perplexe. "Après le décès de ma fille, je suis venu vivre avec eux durant cinq mois. [...] Mon gendre n'a pas tué ses enfants et il ne s'est pas suicidé. Quelqu'un les a assassinés", dénonce Thith Chuon, le grand-père cambodgien des enfants, dans les colonnes du journal Phnom Penh Post.

Taches de sang, traces suspectes sur le crâne...

Les autorités décident finalement d'ouvrir une enquête plus approfondie, en collaboration avec des enquêteurs et experts scientifiques français. A juste titre. Le juge d'instruction reconnaît que plusieurs éléments troublants ont été mis au jour: des taches de sang sur le sol de la maison, des tongs retrouvées à la place du conducteur mais n'appartenant pas à Laurent - "elles appartenaient à quelqu'un qui a poussé la voiture dans l'étang et a sauté, en les laissant derrière lui", estime le juge -, et des résultats d'autopsie déconcertants.

Les analyses médico-légales ont démontré que Laurent Vallier et trois de ses enfants ne sont pas morts noyés. Deux des enfants portent des traces suspectes sur le crâne. "Ils ont été tués avant d'avoir été placés dans la voiture", conclut le juge. Le plus jeune, lui, a été assis vivant dans le 4x4, lancé à toute allure vers l'étang.

Qui pouvait en vouloir à la famille Vallier, au point de supprimer les quatre enfants? Pour les proches de Laurent, la solution est à chercher du côté de sa belle-famille, avec qui il était en conflit depuis le décès de son épouse. Les désaccords portaient notamment sur des titres de propriété entre Laurent et sa belle-soeur, qui se montrait très insistante pour récupérer plusieurs terrains. Les enquêteurs vont l'interroger à deux reprises, ainsi que ses parents, et le juge va officiellement les considérer comme suspects. Mais aucun élément au dossier ne permettra d'aller plus loin. Aujourd'hui, l'enquête piétine.

Alexandra Gonzalez