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Asie

Asie-Pacifique: un quart des hommes ont déjà violé

Manifestation à New Delhi contre les violences faites aux femmes le 30 décembre 2012

Manifestation à New Delhi contre les violences faites aux femmes le 30 décembre 2012 - -

Près d'un quart des hommes reconnaissent avoir déjà commis un viol, selon une grande enquête de l'ONU publiée mardi.

L'ampleur du phénomène est loin d'être limité à l'Inde. Dans le cadre d'une grande enquête de l'ONU à travers six pays d'Asie-Pacifique, près d'un quart des hommes interrogés ont admis indirectement avoir déjà commis un viol.

Avec plus de 10.000 hommes de 18 à 49 ans interrogés sous couvert de l'anonymat, cette étude confirme que "la violence contre les femmes est une dure réalité", a déclaré Roberta Clarke, représentante de l'ONU, lors de la présentation de cette étude mardi à Bangkok.

La publication de cette étude réalisée dans six pays (Bangladesh, Cambodge, Chine, Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée et Sri Lanka) intervient alors que viennent d'être reconnus coupables, les auteurs du viol particulièrement abjecte d'une étudiante à New Delhi, dont le calvaire et la mort ont fait la Une de la presse internationale.

45% des hommes interrogés disent avoir récidivé

Les enquêteurs de l'ONU n'ont pas demandé frontalement aux 10.000 hommes s'ils avaient violé mais s'ils avaient déjà "forcé une femme qui n'était pas leur épouse ou petite amie à avoir des relations sexuels" ou s'ils avaient eu des relations avec une femme trop ivre ou droguée pour dire si elle était consentante.

L'ONU souligne les grandes différences de résultats d'une zone à l'autre, avec des résultats allant d'environ 4% au Bangladesh à quelque 40% dans l'île de Bougainville en Papouasie-Nouvelle-Guinée, pays qui affiche un des taux de violences envers les femmes des plus élevés au monde. Ils sont près de 11% en moyenne à avoir commis au moins un viol selon cette étude.

Et la proportion monte à près d'un quart (24%) lorsqu'on inclut les viols de sa partenaire, de son épouse ou de sa petite amie. Là aussi, les écarts sont importants: de 13% au Bangladesh à 59% en Papouasie. Sur ce total, "seuls" 45% des hommes interrogés disent avoir récidivé dans le viol. Parmi eux, 59% disent avoir commis cette agression pour se distraire, et plus d'un tiers (38%) pour punir leur victime.

La moitié étaient des adolescents

Chiffre particulièrement inquiétant, parmi les hommes ayant reconnu avoir déjà violé, la moitié était adolescent au moment des faits, 12% ayant même moins de 15 ans. La plupart ont précisé n'avoir fait l'objet d'aucune poursuite judiciaire après avoir violé.

Les auteurs de l'étude insistent sur le fait que cette pratique peut être enrayée, grâce entre autres à une meilleure prise en charge des victimes et à de réelles poursuites contre leurs agresseurs.

La nouveauté de cette étude vient de ce qu'elle est s'appuie sur des entretiens longs et individuels avec des hommes, et non des femmes victimes de viols, à la fois en zone urbaine et à la campagne.

M.G. avec AFP