Une enquête dénonce les viols commis dans les maisons de retraite américaines

(Photo d'illustration) - Nicolas Tucat - AFP
C'est une enquête glaçante. Deux journalistes de CNN révèlent l'ampleur des abus sexuels dont seraint victimes des résidents de maisons de retraite américaines. Pire selon eux, établissements et autorités passeraient volontairement sous silence une grande partie de ces viols commis par les employés de ces établissements.
Les deux auteurs estiment que le phénomène serait même "bien plus répandu qu'on ne pourrait l'imaginer" et évoquent un millier de plaintes par an. Les journalistes précisent que ce chiffre serait largement sous-estimé: de nombreuses personnes âgées n'étant pas prises au sérieux ou en mesure de parler, des affaires seraient étouffées et d'autres ne feraient pas l'objet de poursuites.
"Les personnes âgées sont des proies faciles"
Au total: 1.000 maisons de retraite seraient concernées sur les 15.000 que compte le pays. Les abus sont "une épidémie", selon Mark Kosieradzki, un avocat du Minnesota qui défend plusieurs victimes. Il dénonce des enquêtes menées à la légère et bouclées trop hâtivement.
"Pour les prédateurs, les personnes âgées sont des proies faciles. Ces patients souffrent souvent de démence. Ils ne peuvent pas dire ce qui leur est arrivé, ou bien on ne les croit pas parce qu'on n'imagine pas qu'un aide-soignant âgé de 28 ans viole quelqu'un qui pourrait être sa grand-mère."
La plainte de la victime était "sans fondement"
Les plaintes ne sont en effet pas toujours prises au sérieux. C'est ce qu'il s'est passé dans une maison de retraite du Colorado. Un aide-soignant, qui avait déjà été accusé de viol, a de nouveau été accusé par une résidente. Il avait été autorisé par la justice à retourner sur son lieu de travail, l'établissement ayant déclaré que la plainte de la première victime était "sans fondement".
Un autre exemple: le responsable d'un établissement n'a pas pris en compte les accusations d'une résidente. Selon le rapport de police, il s'est justifié en assurant que cette dernière était une spectatrice assidue d'une émission de faits divers, reléguant ses plaintes à des "hallucinations".
Les preuves du viol détruites
CNN dénonce même la complicité de certaines maisons de retraite. En Louisiane, la directrice d'un établissement a été arrêtée, accusée d'avoir voulu étouffer les abus commis par l'un de ses employés, demandant à son personnel de garder le silence, et détruisant les preuves d'un viol.
"Plus les victimes sont âgées, moins un agresseur sera poursuivi", indique l'enquête journalistique citant une étude du National Institute of Justice. Elle cite le cas d'un homme qui a reconnu dans une lettre deux agressions sexuelles mais n'a écopé que de deux ans de probation, ses victimes étant incapables de témoigner.
"Impossible" de fermer ces établissements
Les deux journalistes dénoncent également l'impunité dont bénéficient certaines maisons de retraite: des établissement qui ont entravé les enquêtes ou tenté d'étouffer les affaires sont toujours en activité. Dans le pire des cas, ils se verraient sanctionner par une amende ou amputer d'une part de leurs subventions.