La mort de Neil Armstrong, un secret à 6 millions de dollars

Neil Armstrong au Capitole à Washington DC, le 16 novembre 2011. - Chip Somodevilla - Getty Images North America - AFP
Lorsque Neil Armstrong est mort en août 2012, ce fut officiellement de complications après une opération cardiovasculaire, mais sept ans après, les circonstances plus troubles de sa mort commencent à être découvertes.
Le New York Times a rapporté ce mardi avoir reçu par courrier anonyme 93 pages de documents révélant un litige entre la famille de l'astronaute le plus célèbre de l'histoire et le petit hôpital où il fut traité et opéré, dans l'Ohio. Le journal local Cincinnati Enquirer a également reçu des documents.
La famille a, selon les journaux, menacé d'accuser publiquement l'hôpital de faute médicale. Un accord à l'amiable a finalement été trouvé pour éviter un scandale, l'hôpital versant six millions de dollars, dont cinq à ses deux fils, Rick et Mark, en échange de leur silence.
Une affaire qui a failli être rendue publique en 2014
Dans un e-mail de juillet 2014, l'épouse de Mark, Wendy, avocate, a menacé de rendre l'affaire publique pendant la célébration du 45e anniversaire de la mission Apollo 11.
"Si cette affaire devenait publique, le coût pour la réputation de votre client serait bien supérieur à celui imposé par n'importe quel jury populaire", écrivit-elle alors, selon le Cincinnati Enquirer.
"Aucune institution ne veut être associée, même de loin, à la mort de l'un des plus grands héros américains", aurait argué l'avocate représentant les petits-enfants d'Armstrong, Bertha Helmick, selon le Times. Mais la veuve et seconde épouse d'Armstrong, Carol, a fait savoir qu'elle avait refusé de participer à l'accord.
Aurait-il dû être transféré plus tôt au bloc?
Le litige concerne la décision de l'hôpital de Fairfield dans l'Ohio de n'avoir pas transféré immédiatement Armstrong au bloc opératoire lorsqu'il a été victime d'une hémorragie interne, plusieurs jours après un pontage coronarien. La décision initiale d'opérer a aussi été remise en cause. Une porte-parole du groupe hospitaliser Bon Secours Mercy Health a déclaré à l'Enquirer que la publication des détails était "très décevante".
Les règlements à l'amiable pour faute médicale sont monnaie courante aux Etats-Unis, mais selon la professeure de droit à Stanford Michelle Mello le règlement le plus élevé en 2018 était de 1,49 million de dollars, la médiane étant de 145.000 dollars, dit-elle à l'AFP.
Le cas illustre la valeur lucrative du nom Armstrong, et plus généralement des astronautes de la grande époque. Des milliers d'objets personnels ont été vendus aux enchères plus de 12 millions de dollars, dont une fraction devrait aller à des organisations caritatives.
La manne de l'étiquette Apollo
D'autres astronautes ont capitalisé sur leur expérience lunaire. Buzz Aldrin, qui a suivi Armstrong sur la Lune, se fait rémunérer pour participer à des conférences, à un tarif estimé entre 50.000 et 75.000 dollars par le site speaking.com.
"Il demande un jet privé et un logement VIP, et il les obtient car tout le monde veut rencontrer Buzz Aldrin", dit à l'AFP Francis French, auteur de livres sur l'histoire spatiale et notamment sur les hommes d'Apollo 15, sanctionnés par la Nasa pour avoir tenté de gagner de l'argent sans autorisation par la vente d'enveloppes timbrées transportées sur la Lune.
L'un des quatre astronautes encore en vie à avoir marché sur la Lune, Charlie Duke, a demandé à l'AFP 5000 dollars en avril pour une interview. Neil Armstrong a choisi une vie plus discrète et moins rémunératrice. S'il utilisait sa notoriété, c'était principalement au bénéfice de son ancienne université, Purdue. Grâce à une grande campagne de levée de fonds qu'il co-présida dans les années 1990, Purdue a levé 250 millions de dollars, a dit l'université à l'AFP.