Face au Congrès, le premier discours de Donald Trump sans dérapage

Son premier discours sans dérapage ni couac. Donald Trump s'est exprimé mardi pour la première fois devant le Congrès américain, à Washington. Et pour la première fois, le nouveau locataire de la Maison Blanche s'est montré beaucoup plus sobre que lors de ses précédentes déclarations, habituellement choc.
Comme lors de sa prestation de serment, quand le commandant en chef avait évoqué le "carnage américain", ou encore mi-février lors d'une conférence de presse durant laquelle Donald Trump avait suscité la controverse en évoquant les "médias bidons".
Pas de petite phrase
Devant les élus des deux chambres, le milliardaire a adopté un ton présidentiel, analyse François Durpaire, spécialiste des États-Unis pour BFMTV.
"L'événement du jour, c'est qu'il n'y a pas d'événement. Le côté exceptionnel, c'est qu'il n'y a rien d'exceptionnel. Il n'y a pas de petite phrase à chercher dans le discours de Donald Trump, il était plutôt optimiste, souriant, unitaire (...) Il était maîtrisé, il a lu son téléprompteur, il n'en est pas sorti."
Une posture présidentielle
Une analyse que partage un commentateur politique sur CNN, qui considère que Donald Trump est véritablement devenu président lors de ce discours solennel d'une heure. Particulièrement lorsque le 45e homme fort des États-Unis a rendu hommage à un soldat américain mort lors d'une opération au Yémen.
Les élus démocrates, qui étaient restés jusqu'alors les bras croisés, se sont levés lors de l'évocation de Ryan Owens, soldat des forces spéciales tué le 29 janvier dernier. "Ryan est mort comme il a vécu: un guerrier et un héros, combattant le terrorisme et défendant notre nation", a déclaré Donald Trump.
"C'était l'un des moments les plus extraordinaires que vous ayez jamais vu dans l'histoire de la politique américaine. Pour ceux qui espéraient qu'il devienne unitaire, qu'il adopte une posture présidentielle, ils devraient être satisfaits (...) S'il trouve le moyen de réitérer sa performance, il sera là pour les huit prochaines années", a jugé l'éditorialiste Van Jones sur la chaîne américaine.
Un nouveau Donald Trump?
Pour Jean-Bernard Cadier, correspondant de BFMTV aux États-Unis, le discours de Donald Trump face au Congrès est un tournant dans sa stratégie politique, particulièrement lorsqu'il a tendu la main aux démocrates. Donald Trump a estimé qu'une "réforme positive" sur l'immigration est possible avec l'opposition démocrate, en dépit de leurs divergences. "Si nous sommes guidés par le bien-être des citoyens américains, alors je crois que républicains et démocrates peuvent travailler ensemble pour obtenir le résultat qui échappe à ce pays depuis des décennies", a déclaré le républicain.
"C'est un discours important, on peut même parler d'un tournant non pas sur le fond mais sur le ton. Donald Trump beaucoup plus contrôlé, mesuré. Il n'a pas dérapé, il n'a pas monté le ton, il n'a pas attaqué les journalistes. Rien à voir avec son discours d'investiture qui était extrêmement sombre et agressif. Il a dit que qu'il faut que le pays se rassemble, que la droite doit travailler avec la gauche."
Mais selon lui, il ne faut pas non plus tirer de conclusion hâtive.
"Est-ce un nouveau Donald Trump? C'est un homme qui s'adapte parfaitement bien à son audience, là c'était des parlementaires qui voulaient du solide, du sérieux. On verra s'il tiendra le même discours la prochaine fois qu'il se retrouvera devant une foule de supporters chauffés à blanc."