"Plus violent que l'injection létale": un journaliste, témoin de l'exécution par peloton d'un détenu américain, raconte

Brad Sigmon, 67 ans, a été exécuté par peloton d'exécution le 7 mars 2025, une première depuis 2010 - HANDOUT / South Carolina Department of Corrections / AFP
En 25 ans de carrière à l'Associated Press, le journaliste Jeffrey Collins a été témoin de 11 exécutions: neuf par injections létales, une sur chaise électrique et celle, ce vendredi 7 mars, de Brad Sigmon, par peloton d'exécution.
Cela faisait depuis 2010 que les États-Unis n'avaient pas eu recours à ce type de mise à mort pour exécuter un détenu condamné à la peine capitale. Brad Sigmon, 67 ans, a été mis à mort en Caroline du Sud, à 18h05 heure locale.
Une exécution "violente et soudaine", selon Jeffrey Collins, l'un des trois seuls journalistes à avoir pu suivre la scène. "J'ai assisté derrière les vitres et les barreaux à la mise à mort de 11 hommes dans une prison de Caroline du Sud. Aucune des dix précédentes ne m'avait préparé à assister à la mort par peloton d'exécution de Brad Sigmon", relate le journaliste, sur le site d'Associated Press.
"Il est impossible de savoir à quoi s'attendre"
Malgré ses nombreuses recherches, Jeffrey Collins assure qu'"il est impossible de savoir à quoi s'attendre quand on n'a jamais vu quelqu'un se faire tirer dessus à bout portant devant soi".
"Le peloton d'exécution est certainement plus rapide - et plus violent - que l'injection létale. C'est aussi beaucoup plus tendu", écrit encore le journaliste chevronné.
Brad Sigmon était attaché par les mains et les pieds à une chaise, une cagoule sur la tête, une cible dessinée sur un papier ou un bout de tissu étant fixée sur sa poitrine, comme l'ont raconté lors d'une conférence de presse les journalistes qui ont assisté à l'exécution.
Après que l'avocat du condamné a lu sa dernière déclaration, les trois agents qui s'étaient portés volontaires ont fait feu. "Il n'y a eu ni avertissement ni compte à rebours. Le claquement brutal des fusils m'a fait sursauter. La cible blanche avec un œil rouge qui se trouvait sur sa poitrine, se détachant sur sa combinaison noire, a disparu instantanément tandis que le corps entier de Sigmon a tressailli", raconte Jeffrey Collins.
"Je n'oublierai jamais le claquement des fusils"
"Une tache rouge déchiquetée de la taille d'un petit poing est apparue à l'endroit où Sigmon a été touché. Sa poitrine a bougé deux ou trois fois. En dehors du craquement de la carabine, il n'y a pas eu de bruit", ajoute-t-il. Trois minutes après les tirs, Brad Sigmon a été déclaré mort. "Puis nous sommes sortis par la même porte que celle par laquelle nous étions entrés", se rappelle le reporter.
"Tout comme le bruit sourd du disjoncteur en 2004, je n'oublierai jamais le claquement des fusils vendredi et la disparition de la cible", conclut Jeffrey Collins.
L'exécution de Brad Sigmon est de la sixième réalisée depuis le début de l'année 2025 aux États-Unis. Les trois précédents condamnés exécutés en Caroline du Sud depuis septembre - après une interruption de plus de 13 ans - ont tous choisi l'injection létale. Mais Brad Sigmon a opté pour le peloton d'exécution, en désespoir de cause, selon ses avocats.
"La mort de Brad a été horrible et violente. Il a choisi le peloton d'exécution en sachant que trois balles briseraient ses os et détruiraient son cœur", a réagi dans un communiqué l'un d'entre eux, Gerald King. "Mais c'était le seul choix qu'il avait, après que les trois exécutions dans l'État par injection létale ont fait subir des agonies prolongées et potentiellement proches de la torture à des hommes qu'il aimait comme des frères", a-t-il ajouté.