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Mort de l'activiste Charlie Kirk: les États-Unis confrontés à une violence politique à son paroxysme

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La mort de l'activiste américain d'extrême droite Charlie Kirk, lors d'un débat politique sur un campus universitaire, est le dernier exemple en date de la recrudescence des faits de violence politique aux États-Unis.

Il est mort le micro à la main. Charlie Kirk, activiste proche de Donald Trump et influenceur populaire dans la jeunesse de droite américaine, a été tué par balle ce mercredi 10 septembre alors qu'il débattait sur un campus de l'université de la vallée de l'Utah.

Le militant de 31 ans y avait posé ses valises dans le cadre de la première date d'une série de réunions publiques appelée "American comeback tour". La tournée était organisée par son mouvement ultra-conservateur Turning Point USA, qui fait campagne pour Donald Trump depuis 2016.

Si le tireur n'a pas encore été arrêté et que ses motivations restent inconnues, la mort de Charlie Kirk s'inscrit dans le cycle de violences politiques dans lequel sont plongé les Etats-Unis depuis plusieurs années.

Élue démocrate assassinée, maison d'un gouverneur incendiée...

Selon Gary LaFree, criminologue de l'Université du Maryland interrogé par Reuters, les agressions à caractère politique n'ont jamais été aussi nombreuses depuis les années 70. Leur nombre a bondi à partir de 2016, à l'époque de la première campagne présidentielle de Donald Trump.

En juillet 2024, le milliardaire républicain a lui-même réchappé à des tirs de fusil lors d'un meeting de campagne en Pennsylvanie. Un événement qui a profondément marqué le pays, dont l'histoire est jalonnée d'assassinats de présidents, de candidats et de militants célèbres. Une histoire politique violente, plus encore que dans toute autre démocratie occidentale.

Tous les soirs dans Le Titre à la Une, découvrez ce qui se cache derrière les gros titres. Zacharie Legros vous raconte une histoire, un récit de vie, avec aussi le témoignage intime de celles et ceux qui font l'actualité.
Assassinat de Charlie Kirk: comment l'ultraviolence menace la démocratie américaine
14:29

Rien qu'en 2025, les États-Unis ont déjà connu l'assassinat de Melissa Hortman, une élue démocrate au parlement du Minnesota, et de son époux, tués par un tireur masqué qui a aussi grièvement blessé un autre élu local à son domicile; mais aussi l'incendie volontaire de la maison du gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro, élu démocrate de confession juive.

Ces événements ont semé la peur chez de nombreux élus, qui craignent de devenir à leur tour la cible de ces violences et réclament désormais d'être mieux protégés. Selon une étude du Brennan Center publié en 2024, 40% des législateurs locaux américains ont subi des violences ou des menaces au cours des trois dernières années.

Les auteurs de droite surreprésentés

Le phénomène continue de s'aggraver depuis l'attaque inédite contre la démocratie américaine le 6 janvier 2021, lorsque des partisans de Donald Trump ont envahi le Capitole de Washington pour empêcher la certification de la victoire de Joe Biden, menaçant directement les élus présents à l'intérieur.

Selon un décompte tenu par Reuters, 18 attaques mortelles à caractère politique ont eu lieu entre 2021 et 2023, faisant au total 39 morts. Parmi ces attaques, 13 ont été le fait d'auteurs issus de la droite.

"Plusieurs rapports d'institutions comme le FBI montre qu'il y a un risque élevé de violences politiques, particulièrement venant de groupes d'extrême droite, plus que venant de l'extrême gauche malgré ce que dit Donald Trump", souligne le docteur en civilisation américaine Jérôme Viala-Gaudefroy dans le podcast de BFMTV Le titre à la une.

Les réactions de la classe politique après la mort de Charlie Kirk ont une nouvelle fois illustré l'extrême polarisation qui tiraille la société américaine et constitue un terreau fertile à ces passages à l'acte. Si les partis démocrate et républicain ont unaniment condamné l'attaque, le second a immédiatement désigné le premier comme responsable.

La "gauche radicale" pointée du doigt par Donald Trump

Dans son hommage à Charlie Kirk, le président américain a dénoncé "la violence politique de la gauche radicale" en citant, pêle-mêle, la tentative d'assassinat dont il a été la cible à Butler (le tireur de 21 ans était pourtant inscrit en tant que républicain sur les listes électorales), la fusillade contre des élus républicains sur un terrain de sport en 2017 ou encore l'assassinat du magnat de l'assurance Brian Thompson en décembre dernier.

Mais le président américain s'est bien gardé de citer les violences commises par certains de ses partisans contre des personnalité du camp démocrate, comme l'agression au marteau du mari de l'ex-présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi ou l'assassinat de Melissa Hortman.

Chez les démocrates, les anciens présidents Barack Obama et Joe Biden ont dénoncé sur X des "violences abjectes" qui n'ont "aucune place" dans la démocratie américaine, adressant leurs "prières" à la famille de Charlie Kirk.

Le gouverneur de Californie Gavin Newsom, cité parmi les potentiels candidats à l'investiture démocrate en 2028, a de son côté rendu hommage à l'activiste qu'il avait reçu pour son podcasst "This is Gavin Newsom". "Je connaissais Charlie et j'admirais sa passion et son engagement pour le débat. Son assassinat insensé nous rappelle à quel point il est important pour nous tous, quel que soit notre bord politique, de favoriser un véritable dialogue (...) sans recourir à la violence politique", a-t-il écrit sur X.

François Blanchard