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États-Unis

"Jamais un candidat n'a gagné si..." : prophétie électorale à l'américaine

Au tarot électoral, nombreuses sont les règles qui pédisent l'heureux gagnant.

Au tarot électoral, nombreuses sont les règles qui pédisent l'heureux gagnant. - -

La tradition électorale américaine est pleine de petites règles issues de deux siècles d'élections. Régulièrement invoquées pour appuyer telle ou telle analyse, elles sont aussi souvent mises à mal.

"Aucun président n’a jamais remporté l’élection présidentielle sans…" La mythologie électorale américaine est pleine de ces petites maximes, que les plus prophètes des commentateurs utilisent pour prévoir –à coup sûr, prétendent-ils – l’issue de l’élection à venir.

Ces faits demeurent intangibles et se vérifient toujours après coup… jusqu’à ce que la réalité leur donne tort. Peuvent-ils nous aider pour prévoir ce qui va se passer le 6 novembre ?

# Incontournable Ohio

La règle la plus connue, si souvent rappelée pour illustrer l’importance des "swing states", est qu’aucun président n’a jamais gagné l’élection sans remporter l’Ohio. En tout cas, pas depuis 1964. Avec ses 11 millions d’habitants et 18 grands électeurs, ce petit Etat de l’Est est souvent considéré comme une réplique miniature du pays.

Slate relève que cette année, il est aussi au cœur des polémiques de la campagne et un symbole à plus d'un titre. Pour le New York Times, l’Ohio sera effectivement l’Etat décisif.

# La barre fatidique du chômage

D'autres règles sont d’ordre économique. Il ainsi est dit, par exemple, qu’aucun président n'a jamais été réélu avec une croissance du pouvoir d’achat aussi faible, depuis 1952. La crise jouerait-elle contre Barack Obama ?

Le PIB fait l'objet de règles de cette sorte, ainsi que le chômage : aucun président depuis Roosevelt, élu en 1933, n’a gagné une réélection avec un taux de chômage au-dessus de la barre fatidique des 7,2%.

Si cette maxime se vérifie cette année, il y a fort à parier que le prochain président sera républicain : le taux en septembre s’élevait à 7,8%, et il y a peu de chances qu’il descende soudainement en une semaine.

# Popularité : des sondages prophétiques

Et l’indice de popularité ? Il n'est évidemment pas épargné. Par exemple, aucun président avec une cote de 49% d’opinions favorables chez Gallup n’a perdu sa réélection. Malheureusement pour Obama, l’institut le place à 48% à une semaine du scrutin, et Romney le talonne d’un seul point.

C’est d’autant plus délicat qu’une autre maxime assure qu’aucun président n’a jamais été réélu avec une cote de popularité de moins de 48%. La moyenne des sondages de RealClearPolitics place, avec 46,7% des intentions de vote, Obama derrière Romney, qui récolte 47,6%.

Enfin, rien n’est plus doux que le foyer, y compris en matière de prophétie électorale. En effet, aucun candidat depuis James Polk, au XIXe siècle, n’a jamais gagné l’élection sans avoir remporté son Etat d’origine. Or si Obama n’a aucune chance de perdre l’Illinois, Romney ne gagnera pas le Massachussetts.

# Infaillibles, les règles ?

A observer toutes ces règles, et bien d’autres encore, il semble que gagner une élection présidentielle aux Etats-Unis ne dépende pas beaucoup des électeurs… Mais si tout cela est bon à alimenter les conversations de bar, ces maximes ne sont rien d’autre que la traduction d’indicateurs politiques. Preuve en est qu’elles se trompent souvent.

Les primaires républicaines en sont un bon exemple. Ainsi, la règle qui stipule que le candidat qui gagne la Caroline du Sud gagne aussi l’Iowa et le New Hampshire dans la foulée a été pulvérisée par Newt Gingrich cette année. L’outsider a eu l’un, mais pas les deux autres.

Cet événement a aussi cassé une autre règle selon laquelle la Caroline du Sud est toujours remportée par le vainqueur : Mitt Romney ne l’a pas eue, et il a pourtant été nominé. Qu’en est-il de la maxime qui veut qu’un candidat républicain est toujours chrétien ? Mitt Romney le mormon a beaucoup de choses à dire à ce sujet.

Outre ces trois récents échecs de la prophétie électorale américaine, d’autres règles ont été brisées au fil des années, comme le fait qu’aucun parti n’est sensé gagner une seule chambre du parlement lors d’une élection générale. En 2010, les républicains ont eu la chambre des représentants, mais ils ont échoué au sénat.

Olivier Laffargue