Immigré envoyé par "erreur" dans une prison du Salvador: une juge ordonne son retour aux États-Unis

Des détenus au Centre de confinement du terrorisme (Cecot), la méga-prison ouverte début février au Salvador, le 15 mars 2023. - EL SALVADOR'S PRESIDENCY PRESS OFFICE
Une juge fédérale américaine a ordonné vendredi 4 avril le retour aux États-Unis d'un immigré expulsé par erreur le mois dernier dans une prison salvadorienne.
Kilmar Abrego Garcia, un immigré salvadorien vivant dans le Maryland et marié à une Américaine, a fait partie du convoi de personnes expulsées au Salvador le 15 mars, accusées d'appartenir à des gangs par l'administration Trump.
Le ministère de la Justice a admis dans des documents judiciaires que Kilmar Abrego Garcia, installé aux États-Unis sous statut protégé depuis 2019, avait été expulsé à cause d'une "erreur administrative".
Une détention "sans fondement légal"
L'homme a été placé en détention "sans fondement légal" le 12 mars, et expulsé trois jours plus tard "sans aucune justification légale ni processus" judiciaire, a affirmé la juge Paula Xinis vendredi, lors d'une audience d'urgence. Elle a ordonné le rapatriement de Kilmar Abrego Garcia sur le territoire américain avant le 7 avril, à 23h59.
"Son maintien au Salvador, pour des raisons évidentes, constitue un préjudice irréparable", a assuré la juge dans son ordonnance, adressée au ministère de la Sécurité intérieure et à d'autres agences.
La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a réagi à la décision de la juge dans une publication sur X: "Nous suggérons à la juge de contacter le président Nayib Bukele (président du Salvador, ndlr) car nous ignorons si elle a une quelconque compétence ou autorité sur le Salvador".
La Maison Blanche affirme qu'il fait partie d'un gang
La Maison Blanche a insisté en début de semaine sur le fait que l'homme de 29 ans était en réalité membre d'un gang, le MS-13, sans toutefois apporter de preuves.
"L'administration maintient sa position selon laquelle cet individu, qui a été expulsé vers le Salvador et ne reviendra pas dans notre pays, était membre du gang brutal et vicieux MS-13", a déclaré Karoline Leavitt, la porte-parole de la Maison Blanche.
Mi-février, le président Donald Trump a désigné huit cartels latino-américains comme organisations "terroristes", dont le gang du MS-13. Une qualification qui élargit l'éventail des actions offertes aux autorités américaines luttant contre le crime organisé.
Invoquant une loi de 1798 sur les ennemis étrangers, Washington a expulsé mi-mars sans jugement vers le Salvador 238 Vénézuéliens, que le gouvernement américain accuse d'appartenir à l'organisation criminelle Tren de Aragua. Un juge fédéral avait suspendu pour deux semaines toute expulsion fondée exclusivement sur ce texte. Une décision confirmée en appel.