"Il se bat": l'enfant d'une Américaine en état de mort cérébrale maintenue en vie en raison d'une loi anti-IVG a été mis au monde

Adriana Smith, maintenue sous assistance respiratoire pendant quatre mois, alors qu'elle était enceinte et en état de mort célébrale, en Géorgie, aux États-Unis - Facebook - April Newkirk
Une affaire tragique qui a ému Outre-Atlantique. Un enfant, dont la mère, Adriana Smith, une Américaine en état de mort cérébrale était artificiellement maintenue en vie aux États-Unis en raison d'une loi anti-avortement, est né il y a quelques jours, ont annoncé des élues mercredi 18 juin.
"Le vendredi 13 juin 2025, son fils, nommé Chance, est né prématurément vers 4h41 (heure locale, soit 10h41, heure de Paris) par césarienne d'urgence", ont fait savoir mardi dans un communiqué trois parlementaires démocrates mobilisées sur la question des droits des femmes. Selon leurs indications, l'enfant est né très grand prématuré.
"Il devrait s'en sortir", a indiqué la mère d'Adriana Smith, April Newkirk, à propos du nouveau-né, à la chaîne américaine locale 11Alive. "Il se bat. (...) Continuez à prier pour lui", appelle-t-elle.
La mère, Adriana Smith, devait être débranchée peu après, ont ajouté les élues démocrates. "C'est difficile à digérer", a confié la grand-mère de l'enfant. La famille d'Adriana Smith avait célébré son 31e anniversaire dimanche dernier, avec plusieurs associations de soutien.
"Chaque femme devrait avoir le droit de prendre sa décision"
La mère d'Adriana Smith, April Newkirk, avait dénoncé mi-mai auprès de la presse l'absence de choix qui avait été imposé à sa famille après qu'un arrêt total et irrémédiable du cerveau avait été constaté chez sa fille enceinte de neuf semaines et déjà mère d'un enfant de 7 ans. Elle avait connu un grave problème de santé, plusieurs caillots sanguins ayant été découverts dans son cerveau, après une apparente erreur médicale.
Selon la famille, l'hôpital aurait décidé de la maintenir artificiellement en vie pour permettre à la grossesse de se poursuivre afin de se conformer à une loi sur l'avortement décriée de Géorgie, État du sud-est des États-Unis où se déroule l'affaire.
La jeune femme a ainsi été maintenue sous assistance respiratoire pendant quatre mois, sans que la famille n'ait mot à dire, selon sa mère.
"Chaque femme devrait avoir le droit de prendre sa propre décision", a soutenu April Newkirk, à la chaîne locale américaine 11Alive. "Et si ce n'est pas le cas, leur partenaire ou leurs parents".
Des élus locaux favorables à son maintien en vie
Le procureur général républicain de Géorgie, Chris Carr, a ensuite déclaré que la loi n'exigeait pas des professionnels de la santé qu'ils maintiennent en vie une femme déclarée en état de mort cérébrale. L'arrêt des machines qui maintiennent artificiellement en vie une patiente n'intervient pas "dans le but d'interrompre une grossesse", a-t-il assuré, selon Associated Press.
"Je pense qu'il est tout à fait approprié que l'hôpital fasse ce qu'il peut pour sauver la vie de l'enfant", a estimé de son côté le sénateur républicain de l'État de Géorgie Ed Setzler.
"Il s'agit d'une circonstance inhabituelle, mais je pense qu'elle met en évidence la valeur d'une vie humaine innocente. Je pense que l'hôpital agit de manière appropriée", a-t-il ajouté.
Du côté de l'hôpital, un porte-parole de la clinique Emory Healthcare a assuré que "la sécurité et le bien-être" des patients restent leurs principales priorités.
Recul du droit à l'avortement aux États-Unis
L'histoire a provoqué une onde de choc en Amérique, à l'approche des trois ans du revirement de la Cour suprême sur le droit à l'avortement.
Le 24 juin 2022, la plus haute instance juridique américaine, à majorité conservatrice, a annulé l'arrêt Roe v. Wade qui garantissait depuis 1973 aux Américaines un droit fédéral à avorter, redonnant aux États toute latitude pour légiférer dans le domaine.
Depuis, plus de 20 États sur 50 ont interdit ou strictement limité l'accès à l'avortement. En Géorgie, la loi en question interdit les IVG à partir du moment où une activité cardiaque est détectée chez le foetus.
Si elle ne devait en principe pas s'appliquer à ce cas de figure, le flou juridique créé et la crainte d'actions en justice auraient pu pousser l'équipe médicale à agir de la sorte.
"L'absence d'un avis juridique formel ou de directives en matière de poursuites judiciaires laisse les familles et les médecins dans l'incertitude", ont condamné mardi les trois élues, Nikema Williams, Ayanna Pressley et Sara Jacobs, qui ont présenté une résolution à ce sujet.