Une Américaine enceinte et en état de mort cérébrale maintenue en vie à cause d'une loi anti-avortement

L'hôpital universitaire d'Emory à Atlanta (Géorgie). - Capture d'écran Google StreetView
"De la torture". Adriana Smith, une Américaine âgée d'une trentaine d'années et résidant en Géorgie, a été déclarée en état de mort cérébrale au mois de février dernier. Un état causé par plusieurs caillots sanguins découverts dans son cerveau. Si les médecins n'ont pu mener une intervention chirurgicale pour sauver Adriana Smith, ils la maintiennent toutefois en vie pour une toute autre raison: elle est enceinte.
Le personnel médical de l'hôpital universitaire d'Emory à Atlanta est donc contraint de suivre la législation de l'État de Géorgie, qui restreint drastiquement le droit à l'avortement. L'agence de santé publique de Géorgie indique que la loi Living Infants Fairness and Equality - signée en 2019 et en vigueur depuis que la Cour suprême des États-Unis laisse chaque État américain libre d'interdire l'IVG - est celle qui s'applique sur le territoire de l'État.
"Je vois ma fille respirer, mais elle n'est plus là"
Le Living Infants Fairness and Equality Act prévoit que l'avortement en Géorgie ne peut être pratiqué "si l'enfant à naître a un battement de cœur humain détectable", sauf en cas d'urgence médicale ou d'une grossesse "médicalement inutile", de viol ou d'inceste. Cette activité cardiaque du fœtus est généralement détectée vers six à sept semaines de grossesse.
Les médecins de l'hôpital d'Emory ne peuvent donc pas retirer les respirateurs artificiels qui maintiennent Adriana Smith en vie. Celle-ci est actuellement enceinte de 21 semaines et "respire grâce à des machines depuis plus de 90 jours", selon sa famille.
"C'est de la torture pour moi", confie April Newkirk, la mère d'Adriana Smith à NBC News, "je vois ma fille respirer, mais elle n'est plus là".
"Nous devrions au moins avoir le choix"
Pour la mère d'Adriana Smith, la question de son maintien en vie "aurait dû être décidé par la famille". "Je ne dis pas qu'il faudrait que nous cessions sa grossesse, mais nous devrions au moins avoir le choix", estime April Newkirk.
April Newkirk a également confié à la chaîne locale WXIA-TV que les médecins leur avait indiqué le fœtus de l'enfant présentait du liquide dans le cerveau et qu'ils étaient préoccupés par sa santé.
"Elle est enceinte de mon petit-fils. Mais il pourrait être aveugle, incapable de marcher, et ne pas survivre à sa naissance", a-t-elle ajouté.
L'hôpital universitaire d'Emory a publié une déclaration dans laquelle il assure "utiliser le consensus des experts cliniques, la littérature médicale et les conseils juridiques pour soutenir nos prestataires dans leurs recommandations de traitement individualisées, conformément aux lois géorgiennes sur l'avortement et à toutes les autres lois applicables".
"Nos principales priorités restent la sécurité et le bien-être des patients que nous servons", ajoute le communiqué.
À la santé du fœtus s'ajoutent aussi les frais médicaux qui ne cessent d'alourdir les frais, une charge supplémentaire à supporter pour la famille d'Adriana Smith.