BFMTV
États-Unis

Face à Donald Trump, le malaise des Républicains

Il est désormais impensable que les autres candidats républicains viennent se rallier à Donald Trump s'il venait à remporter les primaires.

Il est désormais impensable que les autres candidats républicains viennent se rallier à Donald Trump s'il venait à remporter les primaires. - Alex Wong - AFP

Donald Trump, candidat aux primaires républicaines aux Etats-Unis, provoque, choque et désormais dérange. Son parti, mal à l'aise face à ses déclarations polémiques, envisage plusieurs hypothèses pour se démarquer du milliardaire.

Chacun de ses discours, chacune de ses interview, chacune de ses déclarations publiques, est scruté. Donald Trump bouscule la campagne présidentielle américaine avant même que celle-ci soit lancée. Le milliardaire, candidat à l'investiture républicaine pour la course à la Maison Blanche, multiplie les déclarations polémiques contre les femmes, les Mexicains, ses adversaires politiques, la France et dernièrement les musulmans. 

Cette dernière déclaration assurant qu'il fallait interdire l'accès des Etats-Unis aux musulmans, tous ayant "la haine du pays", selon lui, a provoqué un véritable tollé. Jusqu'alors discrets, ses adversaires républicains sont alors montés au créneau. "Je dis à tous les élus qu'ils doivent soutenir les principes d'une Constitution que nous jurons de défendre", a déclaré Paul Ryan, le numéro un des Républicains au Congrès.

"Ce qu'il a proposé hier n'est compatible ni avec notre parti, ni et c'est le plus important, avec notre pays", surenchérit-il.

Un candidat plus acceptable

Si lui assure que si Donald Trump venait à être choisi par les électeurs du parti pour les représenter dans le combat face aux Démocrates, il le soutiendrait. Ce n'est pas le cas de tout le monde chez les Républicains. "Donald Trump est un déséquilibré", avait réagi Jeb Bush, également candidat à l'investiture. De son côté Marco Rubio, avait assuré que "l'habitude" de Donald Trump de faire des sorties outrageantes "ne rassemblera pas les Américains".

Début septembre, ce dernier avait pourtant fait "allégeance" au parti. Les responsable de son camp avait alors pu afficher l'unité et assure que n'importe quel candidat "ferait un meilleur candidat qu'Hillary Clinton". De l'ancien vice-président Dick Cheney à l'ex-candidat Mitt Romney, presque toutes les personnalités qui comptent au sein du "GOP", l'autre nom du parti républicain, ont envoyé un message simple aux électeurs: Trump n'est pas un candidat acceptable.

"Il a uni les leaders du parti contre lui. Et l'expérience prouve que cela a toujours, à terme, un impact sur les électeurs", explique Larry Sabato, professeur de sciences politiques à la l'université de Virginie.

Jamais président

Et pourtant, face aux critiques, le milliardaire loufoque peut se targuer que 68% des électeurs républicains seraient prêts à voter pour lui, même s'il se présentait sans l'investiture du parti. "Il ne sera jamais président", estime toutefois le professeur de sciences politiques. "La question est de savoir s'il parvient à se glisser dans le complexe processus de nomination pour devenir le candidat des républicains. Si c'est le cas, ils se dirigent tout droit vers un désastre politique et ils le savent".

Car selon l'expert, jamais Jeb Bush, fils et frère de président, ou Marco Rubio, sénateur de Floride, feront peser tout leur poids politique et économique derrière Donald Trump. Ces derniers sont désormais condamnés à céder à Trump l'essentiel de la lumière des plateaux télé. Ils se rassurent en assurant que les sondages ne sont pas des votes. Et que le vrai combat débutera en février 2016 avec la campagne de l'Iowa, puis du New Hampshire suivi de la Caroline du Sud.

Toutefois, si les autres Républicains venaient à remporter certaine bataille, voire la guerre face à Trump, ce dernier acceptera-t-il de se retirer avec élégance?

Justine Chevalier avec AFP