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États-Unis

Etats-Unis: un étudiant irakien expulsé d'un avion pour avoir parlé arabe

Un avion Southwest Airlines sur le tarmac de l'aéroport d'Atlanta, aux Etats-Unis, en juillet 2015.

Un avion Southwest Airlines sur le tarmac de l'aéroport d'Atlanta, aux Etats-Unis, en juillet 2015. - Andrew Caballero-Reynolds - AFP

Un étudiant de l'université américaine Berkeley, d'origine irakienne, a été expulsé d'un avion au début du mois d'avril, aux Etats-Unis, au motif qu'il parlait arabe au téléphone.

Débarqué pour avoir parlé arabe. Un étudiant irakien de la prestigieuse université californienne Berkeley, a été expulsé d'un avion à l'aéroport de Los Angeles, début avril, rapporte le New York Times. La raison de cette décision? Le jeune homme de 26 ans était en train de passer un coup de téléphone avant le décollage de l'appareil, et parlait en arabe. Une passagère l'a alors entendu, s'est inquiétée et a prévenu l'équipage.

Coup de fil en arabe

Les faits remontent au 6 avril, lorsque Khairuldeen Makhzoomi, étudiant d'origine irakienne en quatrième année à Berkeley, monte dans un avion de la compagnie Southwest pour rejoindre Oakland, près de San Francisco. Une fois installé, il appelle son oncle de Bagdad, pour lui raconter sa rencontre avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, croisé lors d'un colloque.

"J'étais très excité par l'événement donc j'ai appelé mon oncle pour lui en parler", a raconté l'étudiant au New York Times. Il se souvient notamment lui avoir parlé du moment où il s'est levé pour poser une question sur Daesh à Ban Ki-moon. 

Propos "potentiellement menaçants"

Mais inquiétée par cette conversation en arabe, une voisine prévient l'équipage, assurant avoir entendu l'étudiant proférer des propos "potentiellement menaçants", explique la compagnie aérienne dans un communiqué.

En finissant son appel, Khairuldeen Makhzoomi comprend que quelque chose est en train de se passer, en voyant une femme assise devant lui se retourner pour le dévisager. Un employé arabophone de Southwest vient alors à lui, et l'escorté hors de l'avion, avant de lui demander en anglais pourquoi il parlait arabe dans l'avion.

"J'étais effrayé, il me parlait comme si j'étais un animal", a rapporté l'étudiant, cité par le New York Times. "Je lui ai dit: 'c'est ce que l'islamophobie a obtenu dans ce pays', et il s'est mis en colère. C'est à ce moment là qu'il m'a dit que je ne retournerais pas dans l'avion". 

Six expulsions d'avion depuis le début de l'année

Selon une association de défense des droits des musulmans aux Etats-Unis, six cas de musulmans expulsés d'un avion ont été recensés depuis le début de l'année. Ce n'est pas la première fois que la situation se produit à bord d'un avion Southwest Airlines, qui avait déjà expulsé un passager musulman d'un de ses vols, à Chicago, la semaine dernière.

Dans un communiqué, la compagnie a assuré "ne tolérer aucune discrimination" à bord de ses avions. Après son débarquement de l'appareil, Khairuldeen Makhzoomi a été escorté par des policiers jusqu'au terminal de l'aéroport, puis fouillé en public, avant d'être emmené dans un bureau de police, pour être questionné par le FBI, notamment sur sa famille, installée aux Etats-Unis depuis 2010.

Il a ensuite été relâché, et a pu obtenir le remboursement de son billet, avant d'en acheter un nouveau, sur Delta Airlines cette fois-ci, pour un départ huit heures plus tard après le vol Southwest sur lequel il était initialement enregistré. Khairuldeen Makhzoomi a indiqué ne pas avoir l'intention de poursuivre la compagnie aérienne en justice, mais attend des excuses pour la façon dont ses employés l'ont traité. 

Adrienne Sigel