Etats-Unis: ouverture du procès du tueur de Fort Hood

Le procès du commandant Nidal Hasan, à l'origine de la fusillade de Fort Hood, s'est ouvert ce mardi et pourrait durer plusieurs mois. - -
Né en Virginie de parents palestiniens, Nidal Hasan est accusé d'avoir tué 13 personnes et blessé 32 autres sur la base militaire américaine de Fort Hood. Après avoir congédié ses avocats, cet ancien psychiatre de l'armée américaine a obtenu le droit d'assurer lui-même sa défense tout au long de son procès en cour martiale. Devenu paraplégique à la suite de la fusillade, il encourt la peine de mort s'il est reconnu coupable.
Nidal Hasan a choisi de se défendre lui-même et les nombreux témoins à la barre n’ont qu’une crainte, que ce procès devienne une tribune pour les idées d’Al-Qaïda. Cependant, l'accusé a indiqué qu'il ne comptait appeler que deux témoins à la barre. Plus de 250 individus devraient en revanche témoigner contre lui.
"Sa plus grosse erreur, c'est que je sois encore en vie"
Shawn Manning, spécialiste de la santé mentale appartenant à la même unité que Hasan, a confié à l'AFP qu'il redoutait le face-à-face avec l'accusé, qui a tiré à six reprises sur lui. "Devoir affronter un gars qui a essayé de vous tuer vous et vos amis, et devoir être cordial et sympathique en même temps... ça va être difficile", a-t-il prédit. "J'espère qu'il ne va pas me poser de questions, mais je m'y suis préparé".
De son côté, Alonzo Lunsford, ex-sergent bléssé dans l'attaque, attend ce procès depuis longtemps. "Une balle m’a traversé le crâne puis est ressortie par mon oreille. J’en ai toujours une coincée dans mon dos. Ce qu’il m’a fait est terrible, mais sa plus grosse erreur, c’est que je sois encore en vie", a-t-il confié.
Il pourrait évoquer le Jihad
La fusillade de novembre 2009 est la pire jamais survenue sur une base militaire américaine dans l'histoire du pays. Le haut commandement de l'armée avait été soumis à d'intenses critiques pour avoir ignoré des signes avant-coureurs dans le comportement de Hasan. L'accusé, qui se préparait à être déployé en Afghanistan avant son attaque, a déclaré avoir commis cet acte afin de défendre ses frères musulmans contre une guerre "illégale" dans ce pays.
La juge militaire Tara Osborn a insisté pour qu'il se concentre sur les faits plutôt que sur les implications plus larges. Elle a ainsi interdit à l'accusation de mentionner le "terrorisme" comme motif de la fusillade, et à Hasan d'essayer de prouver au jury, composé de 13 officiers de l'armée, qu'il pensait sauver la vie de musulmans en Afghanistan en agissant ainsi.
"Le Major Hasan ne comprend pas le système de preuves. Il n’est pas avocat, il n’a jamais vécu un procès avant. Il faudra donc veiller à ce que les interrogatoires avec les témoins se passent de manière appropriée", a estimé Lisa Windsor, ancienne juge de l'armée américaine.
Ce procès hors norme qui a débuté mardi pourrait durer plusieurs mois. Nidal Hasan risque la peine de mort.