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États-Unis: condamné à tort pour meurtre, il est finalement libéré après 34 ans en prison

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Christopher Dunn, un Américain de 52 ans, avait été condamné pour le meurtre d'un adolescent en 1990. Il a finalement été reconnu non coupable et libéré mardi 30 juillet.

Une attente longue de plus de trois décennies. Christopher Dunn, un Américain de 52 ans, a quitté, mardi 30 juillet au soir, sa cellule du Missouri où il purgeait une peine de 34 ans de prison pour un meurtre qu'il n'avait pas commis, annonce la presse américaine.

"Saint-Louis, écoutez, il y a 34 ans, ils m'ont enlevé à vous. Ça n'aurait pas dû être aussi long", a-t-il déclaré en conférence de presse, à sa sortie, aux habitants de la ville du Missouri.

"Je n'ai jamais abandonné parce que ma famille n'a jamais abandonné", a-t-il clamé.

De son côté, sa femme, Kira Dunn, a confié avoir "l'impression d'être toujours dans un rêve", après la libération tant attendue de son époux.

Condamné pour le meurtre d'un ado de 15 ans

Christopher Dunn, qui a toujours clamé son innocence, avait été condamné en 1990 à la prison à perpétuité pour le meurtre de Rico Rogers, un adolescent de 15 ans. Âgé de seulement 18 ans à l'époque, Christopher Dunn avait été placé derrière les barreaux dans un établissement du Missouri.

Selon ses avocats, aucun élément matériel ne reliait pourtant Christopher Dunn à ce meurtre. Seuls deux témoins disaient l'avoir vu près des lieux du crime peu avant le drame.

Les deux témoins, âgés de 12 et 14 ans au moment de leurs déclarations, se sont finalement rétractés des années plus tard, en 2005 et 2015. Les procureurs du Missouri ont toutefois maintenu que Christopher Dunn était bien coupable, assurant que les témoins le reconnaissaient toujours via des photos.

Une libération d'abord suspendue

Après une première demande de libération en 2020, rejetée au titre que seuls les condamnée à mort peuvent faire valoir leur innocence, une seconde est déposée en février dernier. Le juge a établi alors qu'"à la lumière des nouvelles preuves, aucun juré, agissant raisonnablement, n'aurait voté pour déclarer Dunn coupable de ces crimes au-delà de tout doute raisonnable".

Le quinquagénaire devait quitter sa prison la semaine du 22 juillet, mais sa libération a été suspendue par la cour suprême du Missouri, à la demande du procureur général de l'État. Cette suspension est survenue alors que Christopher Dunn avait déjà revêtu ses habits civils et se trouvait sur le parking de la prison, prêt à partir.

"Entendre la décision du juge, se préparer à partir le mercredi et être reconduit en prison, c'était de la torture", a-t-il ensuite lâché.

Mardi 30 juillet, la cour suprême du Missouri a finalement levé son sursis, permettant la libération effective de l'Américain. Les témoignages précédemment retenus ont finalement été considérés comme "incohérents et incertains".

"Peur d'être trop heureux pour l'instant"

Pour la femme de Christopher, Kira Dunn, qu'il a épousée pendant son séjour en prison, cette libération est le résultat d'un long combat et reste encore difficile à croire.

"On a peur d'être trop optimistes ou trop heureux pour l'instant", assure-t-elle.

Le Midwest Innocence Projet, qui a aidé Christopher Dunn à sortir de prison, a de son côté salué cette nouvelle. "Notre joie d'accueillir Chris de retour chez lui est tempérée par les jours et les moments supplémentaires qui lui ont été volés par les procédures de cette semaine", a-t-il tempéré.

L'organisme a lancé une cagnotte pour aider l'Américain à se reconstruire dans le cadre de son retour à la vie civile. Près de 25.000 dollars avaient déjà été récoltés ce jeudi matin.

Juliette Desmonceaux