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États-Unis: après un échange d'embryons lors d'une FIV, deux couples partagent l'éducation de leurs filles

Une photo prise le 22 avril 2011 montre une mère tenant la main de son nouveau-né à Mont-de-Marsan, dans le sud-ouest de la France.

Une photo prise le 22 avril 2011 montre une mère tenant la main de son nouveau-né à Mont-de-Marsan, dans le sud-ouest de la France. - LOIC VENANCE / AFP

Deux couples vivant en Californie ont découvert qu'ils avaient donné naissance et élevaient l'enfant génétique de l'autre. Après avoir pris la difficile décision d'échanger les petites filles, ils ont choisi de se voir très régulièrement.

Elles se considèrent aujourd'hui "comme des sœurs". Dans un long article publié ce lundi 25 novembre, le New York Times Magazine raconte l'histoire de deux petites Américaines, aujourd'hui âgées de cinq ans. En 2019, comme le racontait BFMTV, elles étaient chacune nées dans "la mauvaise famille".

May et Zoë sont nées de deux couples dont les embryons ont été échangés lors d’une fécondation in vitro (FIV) dans une clinique spécialisée. Daphna et Annie, les mères, ont chacune porté l'enfant d'un autre couple pendant neuf mois et les ont élevées durant quelques mois.

Embryons échangés

À la naissance de leur petite fille en septembre 2019, Daphna et Alexander Cardinale se rendent compte que May ne leur ressemble physiquement pas. Un test ADN leur confirme qu'ils ne sont tout deux pas les parents biologiques à "99,9%".

Une longue période d'angoisse et de doute débute alors. S'ils essayaient de se renseigner et d'informer la clinique de l'erreur, pourraient-ils finir par perdre May? Qu'était-il advenu de leurs embryons à eux? "Chaque fois que l'on frappait à la porte, Daphna craignait qu'il ne s'agisse d'un avocat ou d'un travailleur social muni de papiers officiels, venu chercher May", raconte le New York Times Magazine.

En engageant un avocat, ils retrouvent la trace des parents biologiques de May. La clinique accueillait des couples du monde entier, mais ils ne vivaient étonnamment qu'à dix minutes de chez eux. Autre surprise: Annie et son mari ont aussi une fille, Zoë, née à une semaine d’intervalle de May.

Annie aussi s'était étonnée des traits physiques de sa fille: elle était blonde aux yeux bleus alors qu'elle est, elle, d'origine latino-américaine et son mari d'origine asiatique. Mais son pédiatre l'avait rassurée en lui disant que les gènes récessifs surprennent toujours les parents.

Une décision déchirante

Les deux couples se rencontrent et recontrent leur enfant biologique en décembre 2019. Après des questionnements déchirants et bouleversants, ils décident d'échanger les bébés. Une décision qui sera ensuite entérinée devant un tribunal. Ils décident alors de tout faire pour que le changement soit progressif et doux. L'annonce a été particulièrement difficile pour les deux aînés de chaque famille, May et Zoë étant toutes deux les deuxièmes enfants.

Pendant près de deux semaines, les familles se rendent visite tous les jours, tantôt chez Daphna et Alexander, tantôt chez Annie et son mari. Combien de temps fait-elle la sieste? Utilise-t-elle une sucette? Les mamans échangent beaucoup sur les habitudes des deux bébés.

Une chance dans cette histoire malheureuse: les familles découvrent qu'elles ont à peu près le même niveau de vie, un rapport similaire à la religion ou encore un style d'éducation proche.

Une "cérémonie de fusion"

En janvier, les petites filles passent chacune une journée entière avec leurs parents biologiques. "Pour chaque émotion heureuse, il y avait une émotion négative. Autant je suis si heureuse que Zoë soit là et que nous soyons enfin à la maison avec elle, autant ma May me manque tellement", raconte Daphna au New York Times Magazine.

Après une journée, c'est ensuite une nuit que les bébés passent chez leurs parents biologiques. Après ces phases de test, les familles décident qu'il est temps d'effectuer l'échange définitif.

Daphna et Annie avaient convenu que, quoi qu'il arrive, elles feraient tout ce qu'elles pourraient pour aider les frères et sœurs aînés à accepter la situation. Comme ce jour où Daphna a envoyé un message à Annie car sa grande fille pleurait, disant que May lui manquait. Vingt minutes plus tard, Annie et May étaient à sa porte, raconte le New York Times Magazine.

Peu après, tous ont pris une nouvelle décision: élever les petites filles quasiment ensemble. Les deux couples ont même choisi de ne former symboliquement qu'une seule et grande famille, à travers une "cérémonie de fusion" organisée par un curé.

"Changer la forme de cet amour"

May et Zoë ont aujourd'hui cinq ans et vivent comme des sœurs, se voyant très régulièrement et partageant les événements importants de leur vie. Elles appellent leurs quatre parents "maman" et "papa". Comme le confie Daphna, même si elle aime toujours May, "elle a dû changer la forme de cet amour en quelque chose de nouveau, pour le bien de tous".

Pour la première fois cette année, les deux petites filles vont être scolarisées dans des écoles différentes. Pour s'assurer qu'elles se verront au moins une fois par semaine, les parents les ont inscrites ensemble à la danse.

Selon l'un des avocats d'une des familles interrogé dans le New York Times Magazine, même si des échanges d'embryons sont rares, des cas existent. Toutefois, les familles réalisent l'erreur car elles remarquent des différences physiques liées aux origines des parents biologiques. Dans les cas où de tels signes ne se voient pas, les parents ne soupçonnent jamais l'erreur.

Salomé Robles