Relations avec Israël, prisonniers de Daesh: ce qu'a demandé Donald Trump au président syrien Ahmed Al-Charaa

Donald Trump rencontre le président syrien Ahmed al-Shara, ainsi que le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane à Riyad, en Arabie saoudite, le 14 mai 2025. - Bandar Al-Jaloud / Saudi Royal Cou / ANADOLU / Anadolu via AFP
Donald Trump a rencontré le président syrien par intérim, Ahmed Al-Charaa, ce mercredi 14 mai, à Riyad lors de la première étape de sa tournée officielle au Moyen-Orient. Ce dernier s'est ainsi vu lister une série de doléances de la part du chef de l'État américain.
Les deux dirigeants se sont entretenus en présence du prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, et du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui s'est joint virtuellement à la conversation.
Donald Trump avait annoncé mardi qu'il allait "ordonner l'arrêt des sanctions contre la Syrie", qui pèse lourdement sur son économie, en affirmant que ce geste fort allait lui "donner une chance de grandeur", en allusion à son fameux slogan "Rendre sa grandeur à l'Amérique".
Une décision réclamée particulièrement par l'Arabie saoudite et la Turquie. "Cela leur donne une chance de s'épanouir. Les sanctions étaient vraiment paralysantes", a répété mercredi Donald Trump.
• Normaliser la relation avec Israël
Donald Trump a ainsi demandé à la présidence syrienne de "rejoindre les accords d'Abraham", c'est-à-dire de normaliser la relation avec Israël, d'après un compte-rendu publié par la Maison Blanche après une entrevue d'une trentaine de minutes.
Le président américain a "encouragé" Ahmed Al-Charaa à "faire du bon boulot pour le peuple syrien".
Après les massacres commis par des proches du pouvoir contre les alaouites en mars dernier, ce sont les druzes qui ont récemment été pris pour cible en Syrie. En réaction, l'État hébreu a bombardé ce vendredi 2 mai les abords du palais du nouveau président syrien Ahmad al-Chareh à Damas, en renouvelant son avertissement aux autorités syriennes contre toute atteinte à cette minorité.
Israël se pose en protecteur des druzes, se justifiant par leur présence en Israël et sur le plateau du Golan, un territoire syrien occupé par la patrie de Benjamin Netanyahu depuis la guerre des Six jours en 1967.
À la chute de Bachar al-Assad, l'armée israélienne a étendu ses positions sur le Golan, s'emparant d'une zone tampon mise en place par l'ONU. La rencontre Trump-Chareh a eu lieu malgré les réticences d'Israël, allié indéfectible des États-Unis.
• Expulser "les terroristes palestiniens"
Parmi les autres demandes du locataire de la Maison Blanche, on retrouve notamment celle d'expulser "les terroristes palestiniens" de Syrie.
Sous les gouvernements successifs de la famille Assad, le pays a accueilli pendant des décennies de nombreuses factions palestiniennes, notamment des membres du Hamas et du Jihad islamique.
Les États-Unis, avaient jusque-là temporisé dans leur relation avec Damas miné par la guerre depuis 2011 en disant qu'ils souhaitaient d'abord voir comment les nouvelles autorités exerçaient leur pouvoir. En particulier sur le plan du respect des droits humains et des minorités.
• Prendre "la responsabilité" des prisonniers de l'État islamique
Donald Trump veut par ailleurs que la Syrie "prenne la responsabilité" des prisons détenant des membres du groupe État islamique dans le nord-est du pays.
Un rapport des Nations unies publié en janvier 2024 avait estimé que le nombre de combattants de l'organisation terroriste en Irak et en Syrie variait entre 3.000 et 5.000 personnes. En plus de ces quelques milliers de djihadistes, environ 9.000 anciens combattants, femmes et enfants, peuplent les prisons kurdes dans la zone.
Ahmed Al-Charaa, arrivé au pouvoir en décembre à la tête d'une coalition de forces islamistes qui ont renversé Bachar al-Assad, avait lui même quitté la Syrie en 2003 pour rallier Al-Qaïda en Irak, puis l'État islamique d'Irak.
Depuis son arrivée au pouvoir, il déploie une intense activité diplomatique, auprès des pays arabes mais aussi européens.