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Christianophobie, références à des tueurs… Les secrets de l'auteure de la fusillade de Minneapolis révélés par son manifeste vidéo

Des personnes déposent des jouets et des fleurs devant un mémorial après la fusillade de l'école catholique de l'Annonciation à Minneapolis, qui a fait au moins deux morts et 17 blessés, le 27 août 2025.

Des personnes déposent des jouets et des fleurs devant un mémorial après la fusillade de l'école catholique de l'Annonciation à Minneapolis, qui a fait au moins deux morts et 17 blessés, le 27 août 2025. - CHRISTOPHER MARK JUHN

Le profil de Robin Westman, la tueuse de 23 ans qui a abattu deux enfants à Minneapolis ce mercredi, intrigue les enquêteurs qui avouent "ne pas avoir de mobile pour l’instant".

Mercredi 26 août, 8h30, Minneapolis. Robin Westman, une femme transgenre lourdement armée, fait irruption devant l’église catholique de l’Annonciation et ouvre le feu. Des dizaines d’écoliers assistaient à la messe. Deux enfants, âgés de huit et dix ans, meurent sous les balles et 17 autres seront blessés.

Selon la police locale, la tueuse, âgée de 23 ans, a fait feu à des dizaines de reprises, en utilisant deux fusils et un pistolet, avant de se suicider. Cette fusillade mortelle secoue les États-Unis, tant en raison du très jeune âge des victimes, de la cible de l’attaque - une église - que du profil troublant de la tueuse.

"Dépressive", "suicidaire" et "hantée par des pensées"

Que sait-on d’elle? Le FBI l’identifie comme étant Robert Westman, un homme qui a changé de prénom pour Robin en 2020 et se définit comme une femme. Elle avait préparé un manifeste qui a été diffusé sur Youtube avant la tuerie. Une vidéo de onze minutes que BFMTV a pu consulter. La tueuse torturée y explique les raisons de son passage à l’acte criminel, entre extrémisme politique et détresse psychologique.

Dès les premières secondes de sa vidéo, elle montre à la caméra un courrier de quatre pages, rédigé à l’encre noire, dans laquelle elle affirme "détester le simple fait de vivre", se disant "dépressive", "suicidaire" et "hantée par des pensées qui ne me quittent pas".

Elle affirme que "cet acte (lui) trotte dans la tête depuis des années". Elle se pense en outre être atteinte d’un cancer des poumons et n’espère aucun "pardon".

Des références à des tueries de masse

La portée politique de son geste n’apparaît qu’à la marge de ce manifeste, lorsqu’elle précise vouloir "échapper aux factures, aux jobs minables, aux personnes minables, et à l’injustice de l’Amérique".

Cette fusillade représente "son acte final contre ce monde" dont elle voudrait "s’échapper". Elle montre à la caméra deux fusils d’assaut, deux pistolets et dix chargeurs numérotés. Ils supportent des inscriptions blanches: "Tueur sadique", "N**** ce monde".

Ces graffitis font de très nombreuses références aux grands tueurs de masse du XXe et du XXIe siècle.

Les noms d’Anders Breivik, qui a abattu 77 personnes en Norvège en juillet 2011, ou encore de Brenton Tarrant, qui a abattu 51 musulmans en Nouvelle-Zélande en octobre 2019, apparaissent le plus, à trois reprises chacun. Comme Robin Westman, Brenton Tarrant avait lui aussi, au moment de sa tuerie de Christchurch, maculé ses armes automatiques de messages cryptiques.

À Minneapolis, Westman a fait d’une église la cible de ses penchants meurtriers, ce qui laisse transparaître un mobile antichrétien. Elle montre ainsi une cible de tir avec, au sommet, le visage de Jésus Christ coiffé d’une couronne d’épines. Sur ses armes, elle a, en outre, dessiné un pentagramme et le chiffre 666, des symboles satanistes. "Où es ton Dieu?", interroge enfin un graffiti.

Mais la tueuse semble plus généralement anti-religions, voire raciste. Elle se réfère aussi à une chanson antimusulmane qu’entonnaient les Serbes lors des guerres yougoslaves en 1993. "Israël doit tomber", assène-t-elle aussi sur le canon d’un fusil.

"Un fatras de références qui est indéchiffrable"

Enfin, Robin Westman réalise de nombreux clins d’œil à la contre-culture d’Internet, au forum 4chan, une plateforme anonyme, ou au Seigneur des Anneaux. Sans oublier de nombreux messages en cyrillique ou en russe. Sur une veste exhibée devant la caméra, apparaissent les lettres FSB, acronyme des services secrets russes.

"C’est un fatras de références qui est indéchiffrable sur le plan politique", analyse pour BFMTV Jean-Yves Camus, politologue spécialiste des radicalités politiques.

"Si ce n’est par la présence de slogans liés au génocide des juifs, dont un est clairement antisémite", ajoute-t-il aussitôt, tout en remarquant "une christianophobie assez marquée, ce qui est très rare". "Rien ne fait référence dans cette vidéo à un mouvement d’extrême droite américain", poursuit Jean-Yves Camus.

Si Kristi Noem, la ministre de la Sécurité intérieure, a évoqué un "monstre taré" en parlant de Robin Westman, le chef de la police a lui, avoué son désemparement face à ce geste, estimant "ne pas avoir de mobile pour l’instant".

Paul Conge