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États-Unis

Chicago: un policier abat un jeune homme et demande 10 millions de dollars à sa famille

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Le policier blanc qui a tué un jeune homme et une voisine noirs réclame des dommages et intérêts aux proches, en raison du traumatisme dont il affirme souffrir depuis qu'il les a abattus.

Réclamer 10 millions de dollars de dommages et intérêts à la famille du jeune homme qu'il avait abattu lors d'une intervention, tel est le sens de l'action judiciaire que va intenter un policier de Chicago. Pour soutenir sa demande, Robert Rialmo, le policier qui a tué Quintonio LeGrier, 19 ans, et Bettie Jones, 55 ans, affirme souffrir d'un traumatisme, rapporte Le Monde ce mardi. Une souffrance qui ne découlerait pas du fait d'avoir tué le jeune homme, mais d'avoir accidentellement mis fin aux jours de la voisine.

Réflexe de défense justifié ou bavure?

Les faits remontent au lendemain de Noël 2015. L'agent de police s'était rendu au domicile des LeGrier à cause d'un différend familial opposant le fils à son père, le plus jeune menaçant son ascendant avec une batte de baseball.

D'après les dires du policier, l'adolescent aurait tenté de le frapper à la tête. "L’agent Rialmo a cru raisonnablement que s’il n’avait pas utilisé la force pour donner la mort à LeGrier, celui-ci l’aurait tué", relate la plainte déposée le 5 février. Une appréciation du danger réfutée par plusieurs témoins pour qui l'ouverture du feu apparaît injustifiée, et qui ont protesté peu après le double homicide présumé.

Pour le père de la victime qui avait précédemment porté plainte, son fils ne représentait pas une réelle menace pour l'agent qui a tiré huit coups de feu et tué Bettie Jones, une voisine qu'il affirme ne pas avoir vue. 

Vrai argument ou démonstration par l'absurde?

Les deux versions des faits qui ont conduit aux deux plaintes se traduisent logiquement en argumentations juridiques diamétralement opposées. "Le fait que les actes de LeGrier ont obligé l’agent Rialmo à l’abattre et à tuer accidentellement Bettie Jones a causé et continue de causer un traumatisme émotionnel extrême", explique la plainte du policier.

La démarche a laissé incrédule l'avocat de la famille, qui adopte un point de vue très différent. "Après avoir abattu un adolescent dans le dos, ce lâche a l’audace de le poursuivre en justice? Une nouvelle fois, la police de Chicago atteint le fond", affirme le conseil. 

Alors que la justice ne s'est pas encore prononcée sur ce cas, le policier a été suspendu pour 30 jours. L'usage immodéré de la force par des policiers américains contre des noirs est un sujet explosif depuis la mort le 9 août 2014 de Michael Brown, abattu par un policier blanc à Ferguson, dans l'Etat du Missouri. De graves émeutes raciales avaient alors secoué la ville. Elles avaient ensuite repris de plus belle le 24 novembre, après la non-inculpation du policier par la justice américaine.

David Namias