Avant le verdict de son procès pour violences sexuelles, P. Diddy dit être "brisé" et demande pardon

Sean Combs "P. Diddy" arrive au Met Gala, le 7 mai 2018, au Metropolitan Museum of Art à New York (États-Unis). (Photo d'illustration) - ANGELA WEISS / AFP
Accusé de violences par des dizaines de femmes, le magnat du hip-hop P. Diddy, qui a été acquitté des charges les plus lourdes retenues contre lui au terme d'un procès pour violences sexuelles hypermédiatisé, sera fixé vendredi 3 octobre sur sa peine. Dans un courrier envoyé au juge à la veille de sa décision, la star a demandé pardon pour ses actes.
Il se dit "brisé" par ce qu'il a fait, après s'être "perdu dans la drogue et l'excès".
Après deux mois de débats à New York, les jurés ont rejeté en juillet les accusations les plus graves de trafic sexuel et d'association de malfaiteurs portées contre Sean Combs, de son vrai nom, lui épargnant l'emprisonnement à perpétuité.
Mais l'ancien rappeur et homme d'affaires, âgé de 55 ans, pourrait encore écoper d'une lourde peine: les faits de transport de personnes à des fins de prostitution, pour lesquels il a été déclaré coupable, sont passibles de 20 ans d'emprisonnement au total.
Le parquet a réclamé 11 ans de prison ou plus, insistant sur la "gravité" des faits, mais aussi l'absence de "repentir" de P. Diddy, les "traumatismes" subis par les victimes et la "menace" qu'elles disent ressentir de sa part.
De son côté, la défense a demandé que sa peine n'excède pas 14 mois, mettant en avant son bon comportement depuis son emprisonnement et son image "détruite". Cette durée permettrait à Sean Combs d'être libéré avant la fin de l'année, compte tenu du temps passé en détention provisoire à Brooklyn.
"Vies bouleversées"
Parmi les victimes, la chanteuse Cassie, sa petite amie de 2007 à 2018, a exhorté le juge à prendre en compte "les nombreuses vies que Sean Combs a bouleversées" et "la force qu'il a fallu aux victimes pour se manifester".
"Je fais toujours des cauchemars, j'ai des flashbacks quotidiens, et je continue à avoir besoin de soins psychologiques", a-t-elle écrit dans un courrier, affirmant qu'elle et sa famille avaient quitté la région de New York par crainte de "représailles" si P. Diddy était "libéré".
L'ex-homme fort du hip-hop, apparu particulièrement vieilli lors de son procès, les cheveux et la barbe blanche, a connu une triple carrière de producteur, rappeur et homme d'affaires. Il avait signé la légende du rap The Notorious B.I.G dans les années 90, avant de connaître lui-même le succès sous le nom de Puff Daddy, puis de s'associer à des marques d'alcool.
Il était accusé d'avoir forcé des femmes - dont Cassie et une compagne plus récente ayant témoigné sous le pseudonyme de "Jane" - à se livrer à des marathons sexuels avec des hommes prostitués pendant que lui se masturbait ou filmait. Il lui était aussi reproché d'avoir mis en place un réseau criminel pour organiser ces activités nommées "freak-offs" ou "hotel nights".
Grâce présidentielle?
En 2023, Cassie a porté plainte contre lui au civil pour un viol et l'a accusé d'avoir eu un "comportement violent" et "déviant" durant une décennie. Si l'affaire s'est réglée en 24 heures, "à l'amiable", selon un accord confidentiel, elle a donné lieu à d'autres plaintes, ayant mené à ce procès pénal.
Durant les débats, la chanteuse, enceinte, et "Jane" ont raconté qu'elles étaient soumises à des menaces liées à leur réputation, leur situation financière et leur intégrité physique.
Les jurés ont visionné des enregistrements des marathons sexuels en question, ainsi que les images de caméras de surveillance d'un hôtel de Los Angeles montrant P. Diddy traînant au sol Cassie et la rouant de coups.
Très offensifs lors de leurs contre-interrogatoires, tentant de discréditer les témoins à charge, les avocats de la défense n'ont pas nié les faits. Ils ont, en revanche, assuré que les "freak-offs" étaient consentis et que leur client avait un style de vie "polyamoureux" qui ne tombe pas sous le coup du droit pénal.
La défense n'a pas caché, par ailleurs, chercher à obtenir une grâce présidentielle de la part de Donald Trump. Une demande qui a peu de chances d'aboutir, le président ayant rejeté l'idée lors d'une interview début août, parlant de quelqu'un de "très malveillant".