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Amérique du Nord

Etats-Unis: la politique de Trump critiquée coup sur coup par Obama et Bush

George W. Bush et Barack Obama, en 2013.

George W. Bush et Barack Obama, en 2013. - Saul Loeb - AFP

L'ancien président des Etats-Unis Barack Obama participait, jeudi, à deux meetings de campagne pour soutenir des candidats démocrates, au cours desquels ses discours ont été largement applaudis. Il s'est notamment lancé dans une diatribe contre la politique actuelle du pays, sans jamais citer son successeur, Donald Trump.

Discret depuis son départ de la Maison Blanche, en janvier dernier, Barack Obama a replongé dans l'arène politique le temps de quelques meetings de campagne, jeudi. L'ancien président américain a apporté son soutien à des candidats démocrates à des postes de gouverneur, dans le New Jersey puis en Virginie, pour des élections qui, hasard du calendrier, se dérouleront le 7 novembre prochain, soit un an après la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine. Un scrutin test, avant l'échéance des élections de mi-mandat, en 2018

Au cours de ses deux apparitions publiques, Barack Obama n'a d'ailleurs pas manqué de dénoncer l'évolution récente de la politique américaine, sans jamais citer le nom de Donald Trump. A quelques heures d'intervalle, un autre ancien président, George W. Bush, en a fait de même. 

Popularité intacte

Sur le terrain, Barack Obama a pu constater que sa popularité était toujours intacte auprès des démocrates: plus de six heures avant son arrivée à Richmond, en Virginie, plus de 6.000 supporteurs faisaient longuement la queue pour être certains d'accéder au meeting et de pouvoir apercevoir le 44e président des Etats-Unis. 

Une fois dans la salle, ceux-ci ont de nouveau scandé "Yes we can" ("Oui, nous le pouvons"), le slogan qui avait en 2008 propulsé jusqu'à la victoire le jeune sénateur démocrate de Chicago.

De nombreux jeunes et beaucoup d'Afro-Américains composaient l'assistance. Certains portaient un T-shirt à l'effigie de leur "héros", qui ne peut plus se représenter à une présidentielle après avoir accompli deux mandats. Aux supporteurs qui lui criaient "Four more years" (en français, "quatre ans de plus", référence au tweet que l'ex-président avait posté le jour de sa réélection, en 2012), pour l'inviter à se représenter, Barack Obama a d'ailleurs conseillé d'aller consulter la Constitution américaine.

Trump critiqué... sans jamais être nommé

Longuement ovationné, en costume mais sans cravate, Barack Obama a appelé les électeurs de Virginie à aller voter pour "envoyer un message résonnant dans tout ce beau pays et dans le monde".

"Vous aurez remarqué que je n'ai pas beaucoup commenté la politique ces derniers temps", a-t-il lancé à la foule. "Si pour remporter une campagne on doit diviser la population, alors on ne sera pas capable de la gouverner", a-t-il lancé, dans un sous-entendu voilé à l'attention de Donald Trump. "Notre valeur est au plus haut non pas quand nous rabaissons les gens mais quand nous essayons d'élever tout le monde ensemble", a également dit Barack Obama. 

L'ancien président démocrate faisait référence aux récents événements tragiques qui ont agité Charlottesville, ville de Virginie théâtre d'une violente manifestation de militants d'extrême droite rassemblés autour d'un monument confédéré. 

"Les gens ont 50 ans de retard"

Quelques heures plus tôt, dans le New Jersey, il avait déjà ironisé sur la politique actuelle américaine. "La politique actuelle... on croyait en avoir fini il y a longtemps... Les gens ont 50 ans de retard! On est au 21e siècle, pas au 19e". 

Depuis qu'il a quitté ses fonctions le 20 janvier, le premier président noir des Etats-Unis s'était tenu à l'écart du débat politique, fidèle à une tradition de réserve observée par ses prédécesseurs. Les quelques fois où il a estimé devoir briser ce silence, il l'a fait sur des sujets d'importance nationale, comme l'immigration, la couverture santé et la lutte pour le climat, un bilan méthodiquement démoli par Donald Trump.

Trump également critiqué par Bush

Un autre ancien président américain est sorti du silence jeudi, pour donner son avis sur la situation observée outre-Atlantique. Le 43e président des Etats-Unis, George W. Bush, pourtant républicain, a également critiqué la politique de Donald Trump, sans jamais le nommer non plus, lors d'une conférence à New York.

"Nos débats se détériorent à l'aune d'une cruauté nonchalante. L'intolérance semble enhardie. Nos débats politiques semblent plus vulnérables aux théories du complot et aux manipulations", a ainsi dénoncé George W. Bush, aujourd'hui âgé de 71 ans, dans une longue charge anti-Trump.

"Nous avons vu le nationalisme se dénaturer en nativisme, et nous avons oublié le dynamisme que l'immigration a toujours apporté à l'Amérique", a-t-il ajouté, pointant ainsi l'actuel locataire de la Maison Blanche et ses mesures anti-migratoires. 

Adrienne Sigel