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Violences à Charlottesville: après le silence de Trump, ses proches peinent à calmer la polémique

Des néo-nazis et des membres de "l'all-right" face à des contre-manifestants, samedi 12 août à Charlottesville, en Virginie

Des néo-nazis et des membres de "l'all-right" face à des contre-manifestants, samedi 12 août à Charlottesville, en Virginie - CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Deux jours après le drame de Charlottesville, la réticence du président américain à condamner les groupes d'extrême droite impliqués dans les violences donne du fil à retordre à ses proches et à la Maison Blanche.

La Maison Blanche peine à éteindre la polémique suscitée par la timide réaction du président au lendemain du drame de Charlottesville. Samedi, en début d'après-midi, une voiture a foncé sur des militants antiracistes venus dénoncer le rassemblement de plusieurs groupes identitaires et néo-nazis, dont le Ku Klux Klan (KKK) dans cette petite ville de Virgnie. Une femme de 32 ans est décédée et une vingtaine de personnes ont été blessées dans cet acte, volontaire selon les témoins.

Un président sous le feu des critiques

Depuis son golf de Bedminster (New Jersey), où il passe ses vacances, le président a condamné "l'énorme démonstration de haine, de sectarisme et de violence", précisant que celle-ci venait de "diverses parties". Mais en mettant au même niveau les militants de l'extrême droite et les contre-manifestants, Donald Trump s'est rapidement retrouvé sous le feu des critiques. "Il est difficile d'imaginer une déclaration moins présidentielle que celle-ci au moment où le pays attend du leader élu qu'il lutte contre l'intolérance et la haine", dénonçait dimanche Chris Cillizza, éditorialiste à CNN.

Même au sein du Parti Républicain, il est difficile de cacher le malaise. "Monsieur le président, nous devons appeler le mal par son nom. Il s'agissait de suprémacistes blancs et c'était du terrorisme intérieur", s'est indigné sur Twitter le sénateur du Colorado Cory Gardner.

Le sénateur de Floride, Marco Rubio, a également incité le président à dénoncer plus fermement les violences. "C'est très important pour la nation d'entendre (le président) décrire les événements de Charlottesville pour ce qu'ils sont, une attaque terroriste menée par des suprémacistes blancs".

Dimanche, un porte-parole de la Maison Blanche s'est vu obligé de préciser les propos de Donald Trump, indiquant que le rassemblement incluait "bien sûr" les suprémacistes blancs, le KKK et les néo-nazis.

Le même jour, Mike Pence, le vice-président américain, a profité de sa visite en Colombie pour assurer que la Maison Blanche n'avait "pas de tolérance pour la haine et la violence des suprémacistes blancs, des néo-nazis ou du Ku Klux Klan". "Ces dangereux groupes marginaux n'ont pas de place dans la vie publique américaine, et nous les condamnons dans les termes les plus fermes", a-t-il insisté, assurant que le président avait lui aussi "été clair".

En réalité, le président n'est toujours pas revenu sur sa déclaration initiale et dans le camp Trump, seule sa fille, Ivanka, a déclaré sur Twitter qu'il n'y avait "pas de place" dans la société américaine pour "le racisme, le suprémacisme blanc et les néo-nazis".

Trump et l'extrême droite unis par un lien étroit

Pour nombre des détracteurs du président, la difficile condamnation des événements de Charlottesville tient aux liens étroits entre Donald Trump et les mouvements issus de l'extrême droite américaine.

"Je crois qu'il a essayé de ménager dans un premier temps les troupes qui l'ont soutenu pendant la campagne. Il ne faut pas oublier que parmi eux il y avait quand même beaucoup de militants très actifs, et c'est aussi à eux qu'il doit une partie de sa victoire", explique à BFMTV Jean-Eric Branaa, spécialiste des questions politiques et de société aux Etats-Unis.

Le président devrait donner une nouvelle conférence de presse ce lundi, depuis Washington. L'occasion, peut-être, de clarifier sa position face au drame. Mais pour le moment, cette conférence n'a pas été confirmée par la Maison Blanche.

Maëva Poulet