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Amérique du Nord

Etats-Unis: des éleveurs armés occupent un parc national

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Aux Etats-Unis, la guerre des nerfs se poursuit entre la police et des éleveurs armés qui occupent depuis le 1er janvier le siège d'un parc national dans l'Oregon.

Ces cowboys pourraient rappeler les bonnets rouges bretons, sauf qu'eux ont des armes à feu: nous sommes aux Etats-Unis. Depuis le 1er janvier, des miliciens armés se relaient jour et nuit pour surveiller le parc national de l'Oregon. Beaucoup en chapeaux de cow-boy, d'autres en tenues de style militaire, ils sont originaires pour certains d'Etats voisins.

Tous battent le pavé en faveur de Dwight Hammond, 73 ans, et de son fils Steven, 46 ans, deux éleveurs locaux condamnés à cinq ans de prison pour avoir mis le feu à des terres fédérales. Les manifestants assurent que tous deux ont fait l'objet de harcèlement de la part des autorités après avoir refusé de vendre leurs terres. Ils contestent aussi l'autorité du gouvernement sur les terres fédérales.

"Notre but c'est que les bûcherons retournent couper des arbres, que les éleveurs s'occupent de leurs bêtes, que les mineurs soient à la mine, que les fermiers travaillent leurs terres, afin de réveiller l'économie de cette région", explique le meneur du mouvement, Ammon Bundy.

Ammon Bundy et son frère Ryan sont les fils de Cliven Bundy, un agriculteur pro-armes du Nevada voisin qui avait affronté la police en 2014.

Le shérif de Burns, la bourgade la plus proche mais située à 50 kilomètres du refuge perdu dans cette région rurale du grand ouest américain, a appelé le groupe d'éleveurs armés à quitter les lieux.

Dwight et Steven Hammond se distancient

Dwight et Steven Hammond, qui se sont clairement distanciés du mouvement de protestation, se sont pour leur part présentés lundi dans une prison où ils ont été incarcérés.

Ils avaient été condamnés en 2012 pour avoir mis le feu en 2001 et 2006 à des terres fédérales sur lesquelles ils détenaient des droits de pâture pour leur bétail. Un juge a ordonné qu'ils retournent derrière les barreaux, après de premières peines de prison pour incendie, estimant leur première condamnation trop clémente.

La majorité des habitants de Burns et des environs les soutenaient, jugeant qu'ils ont été trop fortement punis. Ils dénoncent pour beaucoup aussi une réglementation toujours plus stricte à l'encontre des éleveurs en termes de droits de pâture ou d'accès aux cours d'eau sur les terres fédérales.

Mais de nombreuses voix critiquaient les méthodes musclées des Bundy et de leurs acolytes, comme l'Association des éleveurs d'Oregon.

Comparés par certains médias à des terroristes

Plusieurs médias américains les comparent à des "terroristes", à l'instar de CNN ou du Washington Post. Sur les réseaux sociaux, certains prenaient leur parti mais d'autres leur accolaient les sobriquets, "Y'all Qaïda" ou "Vanilla ISIS", détournant le vocabulaire jihadiste. Si les manifestants avaient été noirs ou musulmans, la police serait déjà intervenue et "ils seraient probablement déjà morts", assure quant à lui l'écrivain et avocat Wajahat Ali dans le quotidien britannique The Guardian. 

K. L. avec AFP