BFMTV
Amérique du Nord

Des religieuses installent une chapelle de fortune dans un champ contre un projet de gazoduc

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - Jack Guez-AFP

Des religieuses américaines ont entamé un bras de fer avec les autorités américaines afin d'empêcher l'installation d'un gazoduc. Elles occupent même le terrain 24h/24.

Huit bancs, une tonnelle et une chaire en bois: c'est la chapelle de fortune qu'ont installée des religieuses américaines au milieu d'un champ de maïs de Lancaster, en Pennsylvanie, en signe de résistance. Le site, consacré mi-juillet, est devenu le symbole de leur bataille: empêcher l'installation d'un gazoduc qui transporterait du gaz de schiste à travers le pays.

Depuis, plusieurs centaines de personnes, de différentes confessions, se sont rendues sur le site en signe de solidarité. "Cela va à l'encontre de tout ce en quoi nous croyons", témoigne une religieuse âgée de 74 ans pour The Washington Post. "Nous avons juste voulu symboliser ce qui est déjà là: c'est un endroit sacré", ajoute une autre.

Une "morale de la terre"

Toutes deux sont membres de l'ordre des Adoratrices du sang du christ qui réunit 2000 femmes à travers le monde et a fait de la protection de l'environnement l'une de ses priorités. Ce n'est pas la première fois que les religieuses s'engagent dans un combat écologique: elles se sont déjà mobilisées contre une centrale d'énergie hydroélectrique au Brésil et une mine d'or au Guatemala. 

Comme le rapporte The Guardian, les religieuses ont adopté une "morale de la terre" clamant le caractère sacré de la création. Selon elles, la Terre est un "sanctuaire où toute la vie doit être protégée". Le gazoduc, dont le projet est estimé à 2,6 millions d'euros, serait une extension d'un gigantesque pipeline déjà existant entre New York et le Texas.

"Un frein à l'exercice de leur religion"

En Pennsylvanie, en plus de leur occupation du terrain - une vingtaine de religieuses y vivent 24h/24 selon CNN - elles ont également entamé une action en justice. Les religieuses ont déposé une plainte et invoqué le Religious Freedom Restoration Act, une loi qui protège les libertés religieuses, pour empêcher l'installation souterraine du gazoduc, étant propriétaires - comme une trentaine d'autres personnes qui refusent les indemnisations proposées par l'exploitant - d'une parcelle sur le tracé du gazoduc.

"La décision de la Commission fédérale de régulation de l'énergie de forcer les religieuses à héberger sur leur terre un pipeline pour énergie fossile va à l'encontre de leurs croyances profondes et convictions religieuses. Cela met un frein à l'exercice de leur religion", a estimé l'avocat des religieuses.

Ce n'est pas la première mobilisation de ce genre outre-Atlantique. Lorsque Donald Trump a relancé un projet de construction d'oléoduc dans le Dakota du Nord, des Amérindiens, qui avaient campé près d'un an sur son tracé, ont manifesté au mois de mars devant la Maison Blanche. Sans succès: ils ont dû quitter le site.

Céline Hussonnois-Alaya