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Une Britannique s'attire les foudres des Inuits en revendiquant un record de trek au Canada

L'île de Baffin au Canada (image d'illustration)

L'île de Baffin au Canada (image d'illustration) - Darien Graham-Smith, CC BY 2.0

La Britannique Camilla Hempleman-Adams a parcouru 240 km à pied et à ski avec un traîneau à travers l’île de Baffin, croyant son exploit inédit. Les Inuits l'ont rappelée à l'ordre.

Elle a dû rétropédaler. La Britannique Camilla Hempleman-Adams a présenté ses excuses après avoir affirmé être la première femme à traverser en solitaire la gigantesque île de Baffin, au nord du Canada, rapporte la BBC.

L'aventurière de 32 ans a parcouru 240 km à pied et à ski en tirant un traîneau de Qikiqtarjuaq, au sud de l'île, à Pangnirtung, au nord, par des températures plongeant jusqu'à -40°C. Son expédition de deux semaines s'est achevée le 27 mars.

Avant le départ, elle avait indiqué sur son site web que l'agence canadienne chargée des parcs nationaux "a confirmé qu'il n'existe aucune trace historique d'une tentative de voyage solo d'une femme de Qikiqtarjuaq à Pangnirtung". Mais cet exploit est loin d'être inédit, ont rappelé les populations inuites.

"Ma grand-mère parcourait des centaines de kilomètres"

"Ce n'est pas possible qu'un colonisateur britannique vienne à l'Inuit Nunaat (nom de la patrie inuite, NDLR) en 2025 et revendique une quelconque première. Ma grand-mère parcourait des centaines de kilomètres chaque année, souvent enceinte, pour aller pêcher au printemps et chasser le caribou en hiver, parce que c'était la vie", a rétorqué Gayle Uyagaqi Kabloona, une artiste inuite vivant à Ottawa.

"C'était presque comme si elle rapportait des nouvelles d'un nouveau continent en Europe et disait: 'Il n'y a personne ici!'", a-t-elle ajouté, affirmant que les propos de l'exploratrice avait blessé sa communauté.

Camilla Hempleman-Adams, fille de l'aventurier Sir David Hempleman-Adams s'est depuis excusée auprès de la chaîne canadienne CBC. "Je n'ai jamais eu l'intention de déformer des réalisations historiques ou de causer de la détresse aux communautés locales", a-t-elle déclaré.

Avant d'ajouter: "Je m'excuse sans réserve d'avoir fait une déclaration erronée et d'avoir offensé. J'éprouve un profond respect pour ce territoire, ses habitants et leur histoire. J'ai voyagé dans cette région à de nombreuses reprises et j'éprouve une immense admiration pour sa nature, sa culture et ses traditions".

L'artiste inuite Gayle Uyagaqi Kabloona a précisé qu'elle souhaitait la bienvenue aux visiteurs dans sa région, mais qu'elle désapprouvait le terme "dépassé" d'"explorateur", car il comporte des connotations d'expansion impérialiste. "Dire que vous êtes la 'première personne' à faire quoi que ce soit dans un pays indigène est insultant".

François Blanchard