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Amérique du Nord

Au Canada, une serveuse licenciée pour avoir refusé de porter un soutien-gorge au travail

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- - MYCHELE DANIAU / AFP

Le code vestimentaire de l'établissement où travaillait Christina Schell impose aux femmes de porter soutien-gorge ou débardeur sous leur chemise de travail.

Peut-on obliger une femme à porter un soutien-gorge au travail? C'est la question très sérieuse sur laquelle va devoir plancher le tribunal des droits de la personne de Colombie-Britannique, au Canada. Christina Schell, une serveuse de 25 ans, affirme en effet avoir été licenciée de son poste de serveuse dans un club de golf situé à Osoyoos, dans l'ouest du pays, parce qu'elle refusait de venir travailler avec un soutien-gorge, comme l'exige le code vestimentaire de l'établissement.

Le règlement envoyé aux salariés précise en effet que les femmes doivent porter "un débardeur ou un soutien-gorge" sous leur chemisier pendant leurs heures de travail. Or la jeune femme avait décidé d'arrêter de porter des soutiens-gorge deux ans plus tôt, les jugeant inconfortables. Et ce, d'autant plus que le climat dans la région cet été était très chaud.

Elle a bien tenté d'expliquer son blocage à son supérieur, mais celui-ci lui a répondu qu'il en allait de sa sécurité. "Je sais ce qu'il se passe dans le club de golf quand l'alcool est de la partie", a-t-il justifié. La jeune femme a refusé de se conformer à cette règle et a été licenciée. 

"C'est sexiste"

Selon la principale intéressée, cette question du soutien-gorge obligatoire soulève celle, plus large, de l'égalité entre les hommes et les femmes. "C'est sexiste et c'est pourquoi c'est une question de droits de la personne, j'ai des tétons tout comme les hommes", a-t-elle déclaré à CBC News. 

L'avocate spécialiste en droit du travail Nadia Zaman, citée par le média canadien, estime que s'"ils demandent aux employées femmes de porter un soutien-gorge mais n'ont pas le même type d'exigences pour les hommes et qu'ils ne peuvent pas le justifier, il y a un risque que leur politique soit considérée comme discriminatoire". Et de citer un précédent éclairant: en 2016, la commission des droits de la personne d'Ontario avait déclaré illégaux les codes vestimentaires obligeant à porter jupe courte et talons au travail. 

Depuis plusieurs mois, le mouvement "no bra" prend de l'ampleur, aux Etats-Unis mais aussi en Europe, et incite les femmes à se libérer de l'injonction de porter un soutien-gorge en toute circonstance. 

Claire Rodineau