BFMTV
Amérique Latine

Qui est Miguel Diaz-Canel, successeur des frères Castro à la tête de Cuba?

Miguel Diaz-Canel, successeur de Raul Castro à la présidence cubaine, photographié ici en juin 2015, à Bruxelles.

Miguel Diaz-Canel, successeur de Raul Castro à la présidence cubaine, photographié ici en juin 2015, à Bruxelles. - Alain Jocard - AFP

PORTRAIT - Candidat unique à la succession de Raul Castro à la tête de l'île caribéenne, Miguel Diaz-Canel doit être officiellement élu nouveau président cubain par l'Assemblée nationale du pays, ce jeudi.

C'est un moment historique pour Cuba. Pour la première fois depuis 60 ans, l'île ne sera plus dirigée par un Castro. Raul, qui avait succédé à son frère Fidel en 2006, s'apprête à céder la présidence à l'actuel numéro deux du régime, Miguel Diaz-Canel, candidat unique à cette succession.

L'Assemblée nationale a confirmé ce jeudi par un vote l'élection de cet héritier de 57 ans, dont la nomination à la présidence du pays ne faisait aucun doute étant donné qu'il était l'unique candidat adoubé. Son arrivée au pouvoir va tourner une page historique à Cuba, celle de six décennies de dynastie Castro.

> Qui est Miguel Diaz-Canel?

Numéro deux de l'exécutif cubain depuis 2013, Miguel Diaz-Canel a été préparé à hériter des commandes du pays, notamment en représentant régulièrement son gouvernement lors de missions à l'étranger.

Au cours de sa carrière, celui qui a commencé comme professeur d'université et ingénieur en électronique a gravi discrètement les échelons du pouvoir, au point de devenir un cadre du parti unique, le Parti communiste cubain, dans deux provinces, mais aussi le protégé de Raul Castro. Ce dernier le convoque en 2009 à La Havane pour lui confier le poste de ministre de l'Education supérieure. S'en suit une progression fulgurante et spectaculaire: en mars 2012 il accède à l'une des huit vice-présidences du Conseil des ministres, puis en 2013, il devient directement premier vice-président, soit numéro deux de facto du régime. Aujourd'hui, du haut de ses 57 ans, il le plus jeune parmi les hauts dirigeants du parti. 

Car à la différence de son mentor et de tous les vieux apparatchiks du pouvoir, Miguel Diaz-Canel a une qualité de civil, et non de militaire. Il est d'ailleurs né après la révolution de 1959. Son unique expérience militaire se résume à un service de trois ans dans une unité de missiles anti-aériens entre 1982 et 1985. Et il affiche nettement sa préférence pour les jeans plutôt que pour les vestes vert kaki.

De quoi détonner dans les arcanes du pouvoir cubain. "Ce n'est ni un parvenu ni un intrus", dit pourtant de lui Raul Castro, vantant ses trois décennies de loyaux services et sa "solide fermeté idéologique".

> Quel changement politique pour Cuba?

Si l'arrivée de cette nouvelle tête dépoussiéra sans nul doute l'image de la présidence cubaine, marquée par les figures fatiguées de Fidel et Raul Castro, qui auront cédé le pouvoir respectivement à 82 et 86 ans, elle ne devrait pas pour autant provoquer un séisme politique et devrait se limiter à un changement sur la forme. 

La population cubaine ne place d'ailleurs pas beaucoup d'espoirs dans ce passage de flambeau. En effet, sur le fond, le nouveau président cubain devrait plutôt s'inscrire dans la continuité du système castriste, le futur chef de l'Etat devant tenir compte des "lignes directrices" votées par le parti unique et le Parlement, qui dessinent les orientations politiques et économiques à mener d'ici 2030.

En outre, en coulisses, Raul Castro ne lâchera pas aussi vite les rênes du pouvoir. Il pourra accompagner Miguel Diaz-Canel dans l'exercice de sa fonction, en gardant ses fonctions de secrétaire général du parti unique, qu'il ne devrait abandonner qu'en 2021. Autrement dit, l'arrivée de Miguel Diaz-Canel ne symbolise pas pour autant la fin de l'ère Castro, et devrait se résumer à un statu quo en matière politique. 

> Une avancée possible en matière de droits humains?

Mais au-delà de cette probable continuité, faut-il voir dans l'arrivée de Miguel Diaz-Canel la possibilité pour les Cubains de voir leurs libertés individuelles d'avantages reconnues, alors que la censure et la répression de l'opposition sont toujours monnaie courante dans l'île caribéenne? Rien n'est moins sûr.

Car sous sous l'image moderne qu'il est parvenu à se construire, militant par exemple pour le développement d'Internet dans le pays, où son accès reste très restreint malgré quelques timides avancées récentes, le futur président sait aussi se montrer inflexible.

Une vidéo fuitée sur Internet en 2017 par la dissidence cubaine montrait ainsi Miguel Diaz-Canel prôner devant des cadres du parti l'intransigeance contre les portails internet d'information indépendants, unique manière d'avoir une information non contrôlée par la censure à Cuba, ainsi que contre une poignée d'ambassades et bien sûr l'opposition politique.