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Amérique Latine

Le président équatorien propose de mettre fin à la presse papier

Le président Correa a proposé cette mesure polémique sur Twitter.

Le président Correa a proposé cette mesure polémique sur Twitter. - -

Répondant aux critiques de l’opposition, qui propose dans la presse d’organiser un référendum sur une de ses décisions, Rafael Correa a affirmé souhaiter soumettre à la consultation populaire la suppression de la presse quotidienne imprimée.

Le président équatorien en aurait-il marre des critiques? Rafael Correa a évoqué lundi 19 août sur Twitter la possibilité de soumettre à référendum la suppression de la presse quotidienne imprimée dans son pays. Il répondait ainsi à des critiques émises après sa décision d’ouvrir une réserve à l’exploitation pétrolière.

"Aujourd'hui, les plus grands "écologistes" sont les quotidiens mercantilistes. Eh bien si nous allons jusqu'à la consultation populaire, nous proposerons aussi que les journaux soient seulement en ligne pour économiser du papier et éviter l'abattage aveugle des arbres", a affirmé le président sur son compte Twitter.

La semaine dernière, Rafael Correa a annoncé avoir demandé à l'Assemblée nationale l'autorisation d'exploiter le pétrole à Yasuni, une importante réserve écologique d'Amazonie. Cette décision a été prise après l'échec d'un appel de fonds international pour éviter l'extraction de réserves de 920 millions de barils de pétrole, représentant 20% des réserves de l'Equateur.

...Ahora los mayores "ecologistas" son los diarios mercantilistas. Bueno, si vamos a consutla popular propondremos también diarios ...
— Rafael Correa (@MashiRafael) August 19, 2013
...solamente digitales para ahorrar papel y evitar tanta tala indiscriminada de árboles. Veremos quién es quién. No se dejen engañar...
— Rafael Correa (@MashiRafael) August 19, 2013

Une décision "douloureuse" pour Correa

Plusieurs organisations indigènes et l’opposition, notamment via la presse privée, ont contesté cette décision et demandé la tenue d’une consultation populaire. Rafael Correa les a accusé vendredi de tenter de déstabiliser le gouvernement et de "manipuler" la population.

Pour sa défense, le président a écrit sur Twitter que la décision qu’il a prise a été "plus douloureuse pour [lui] que pour n'importe qui d'autre" et que l’exploitation pétrolière n’allait toucher qu’un millième du parc Yasuni.

Le directeur de l'Association équatorienne des éditeurs de presse, Diego Cornejo, a refusé de se prononcer sur les déclarations du président. Il préfère attendre d'être certain du caractère sérieux de la proposition.

Rafael Correa est depuis plusieurs années en conflit ouvert avec les médias privés, au ton très critique, auxquels il reproche d'être acquis à l'opposition. En 2011, des responsables du quotidien El Universal avaient été condamnés à trois ans de prison et à une amende record de 40 millions de dollars pour injure au chef de l'Etat, avant d'être finalement graciés par le président équatorien.

Réélu en février 2013, Rafael Correa est connu pour avoir imposé un moratoire sur la dette extérieure de son pays et contraint les multinationales pétrolières à verser plus de dividendes à l'Etat.

M.K. avec AFP