Équateur: l'état d'urgence décrété après l'évasion du chef de gang, des policiers enlevés

Adolfo Macias, dit "Fito", en août 2023 - ECUADOREAN ARMED FORCES / AFP
La situation est extrêmement tendue en Équateur. Au moins quatre policiers ont été enlevés dan ce pays d'Amérique latine où l'état d'urgence a été décrété lundi par le président Daniel Noboa, après l'évasion de la prison de Guayaquil du chef du plus grand gang criminel du pays et des soulèvements dans des prisons.
Dans la ville côtière de Machala, "trois fonctionnaires de la police qui étaient de service" ont été enlevés, a annoncé durant la nuit de lundi à mardi la police sur le réseau social X (anciennement Twitter).
Un quatrième policier a été kidnappé à Quito, la capitale, par trois individus à bord d'"un véhicule aux vitres teintées et sans plaques".
Gang de 8000 hommes
Lundi, Daniel Noboa a décrété l'état d'urgence pendant 60 jours sur l'ensemble de l'Equateur, y compris dans les prisons, avec un couvre-feu entre 23h et 5h du matin.
Le parquet général a émis des accusations à l'encontre de deux fonctionnaires pénitentiaires "impliqués dans la fuite" d'Adolfo Macias, alias "Fito", 44 ans,chef des "Choneros". Ce gang d'environ 8.000 hommes selon les experts est devenu le principal acteur du narcotrafic florissant en Equateur.
Le nom de "Fito" a fait la Une de la presse ces derniers mois après l'assassinat début août de l'un des principaux candidats à l'élection présidentielle. La victime, ancien journaliste et parlementaire, avait fait état peu avant son exécution de menaces de mort de la part du chef des Choneros.
Adolfo Macias s'est enfui dimanche alors qu'il purgeait depuis 2011 une peine de 34 ans de prison pour crime organisé, trafic de drogue et meurtre. Il s'était déjà évadé en 2013 avec d'autres prisonniers d'une prison de haute sécurité et avait été repris trois mois après.
"Nous avons pris des mesures qui nous permettront de reprendre le contrôle" des prisons, a souligné lundi le président Noboa. "Nous ne négocierons pas avec les terroristes et on ne s'arrêtera pas tant que nous n'aurons pas rendu la paix à tous les Equatoriens".
Policiers et militaires lourdement armés
Dans la foulée de l'instauration de l'état d'urgence, la police a rapporté des violences dans la province d'Esmeraldas (Nord-Ouest), contrôlée par des gangs. Des individus ont lancé un engin explosif près d'un commissariat, a-t-elle indiqué, et deux véhicules ont été incendiés, sans faire de victimes.
A Quito, la police a fait état de l'explosion d'une voiture dans le Sud de la ville ainsi que d'un engin sous un pont piétonnier Des policiers et des militaires ont pénétré lourdement armés dans plusieurs prisons du pays, notamment celles où des gardiens ont été séquestrés.
Les prisons sont le théâtre de massacres récurrents entre bandes rivales. Depuis février 2021, il y a eu au moins une douzaine de massacres qui ont fait plus de 460 morts parmi les détenus. Les autorités se sont révélées jusqu'à présent incapables d'en reprendre fermement le contrôle.