Bolivie: un jeune Français passe deux ans en prison pour un vol de... 13 euros

La prison San Pedro de La Paz est un zone de non-droit auto-gérée par les prisonniers. - Boris Horvat - AFP
Deux longues années. Morgan S., un jeune Français de 30 ans, vient d'être libéré d'une prison bolivienne après deux ans passés derrière les barreaux. Son tort? Un vol à la tire de 13 euros. Sa famille décide aujourd'hui de parler pour dénoncer les conditions de détention de leur proche mais aussi dénoncer le manque de réaction du gouvernement français.
Le 28 janvier 2014 sonne comme le début du calvaire pour Morgan S., comme le révèle Metronews. Le jeune homme, originaire du Cantal, est emprisonné dans l'établissement pénitentiaire de San Pedro à La Paz, après un vol à la tire dont le montant s'élève à 13 euros. Pendant près de 24 mois, il a dû évoluer dans ce milieu carcéral où les prisonniers font la loi.
De nombreux transferts d'argent
Etrangement, la prison de San Pedro ressemble à un petit village, comme le raconte le site Article 11. Des détenus qui s'auto-gèrent, une présence policière inexistante hormis devant les portes de l'établissement, des prisonniers qui vivent avec femmes et enfants. Mais en contre-partie, tout se monnaie, notamment sa sécurité.
"Nous avons dû lui envoyer beaucoup d’argent car il devait payer pour manger le soir et dormir à l’intérieur. Autrement, il se faisait tabasser", explique Christine, la mère du Français.
Entre envoi d'argent et transfert Western Union, Christine ne sait pas si toutes ces sommes sont arrivées jusqu'à son fils ou "tombaient dans les poches des narcotrafiquants". Si elle sort de son silence, c'est aussi pour dénoncer l'attitude de la France vis-à-vis de Morgan, dont elle estime qu'il a été purement et simplement abandonné.
Des conditions "dignes" pour le Quai d'Orsay
"Sa libération a été compliquée car il s’est fâché avec plusieurs personnes dans un pays où la justice est surtout une affaire d’interprétation", détaille à Metronews une source proche du dossier. Ses proches confient également qu'ils ne sont pas certains que le Français ait eu droit à "un procès équitable". "Même s'il s'est rebellé et qu'il peut être sanguin, deux ans de prison pour un vol de 13 euros, ce n'est pas normal !", s'agace Christine.
Aujourd'hui, cette mère réclame une assistance des autorités françaises pour son fils, dont elle redoute qu'il soit devenu "accro à la drogue". De son côté, le ministère des Affaires étrangères assure que le jeune homme a été emprisonné dans des conditions "dignes" et qu'à aucun moment elles n'auraient pu interférer dans la procédure judiciaire. Mais une source proche de l'affaire confirme à Metronews que les autorités boliviennes ont fait preuve d'une peu de légèreté dans ce dossier, en prévenant tardivement Paris.