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Bolivie: l'ex-président Evo Morales visé par un mandat d'arrêt pour une relation avec une ado de 15 ans

Evo Morales lors d'une conférence de presse, le 23 octobre 2019

Evo Morales lors d'une conférence de presse, le 23 octobre 2019 - Aizar Raldes - AFP

Il s'agit du deuxième mandat d'arrêt délivré à l'encontre de l'ancien président bolivien dans cette affaire pour laquelle il encourt une peine de "10 à 15 ans" d'emprisonnement.

Evo Morales, l'ancien président bolivien de 2006 à 2019, est visé par un mandat d'arrêt émis par le parquet de Bolivie pour avoir eu une relation avec une mineure durant son mandat. L'intéressé s'est dit mardi 17 décembre "victime d'une guerre juridique" menée par le gouvernement de Luis Arce, son rival à gauche pour la présidentielle de 2025.

Un mandat d'arrêt pour "traite d'être humain"

Le parquet bolivien a émis lundi ce mandat d'arrêt pour "traite d'être humain à l'égard d'une mineure," avec laquelle Evo Morales aurait eu une une fille en 2016. Une "mesure exceptionnelle de détention provisoire de six mois" a été "demandée".

Via son compte X, Evo Morales a estimé être "victime d'une guerre juridique (lawfare) brutale menée par le gouvernement de Luis Arce qui s'est engagé à me livrer comme trophée de guerre aux Etats-Unis".

"Le gouvernement dispose d'une armée de procureurs, de juges, de policiers et de militaires, qui cherchent non seulement à m'éliminer politiquement et moralement, mais aussi physiquement", affirme-t-il.

Dossier "très complexe"

La procureure en charge de l'affaire, Sandra Gutiérrez, a expliqué avoir émis le 16 octobre le mandat d'arrêt contre Evo Morales qui souhaite revenir au pouvoir malgré un arrêt de la Cour constitutionnelle ayant confirmé en novembre l'interdiction pour un président d'exercer plus de deux mandats.

Elle a précisé ne pas avoir révélé plus tôt l'existence de ce mandat d'arrêt car "l'affaire est très complexe", du fait qu'elle implique un ancien président, qui a nié les accusations à plusieurs reprises.

Elle a par ailleurs rappelé que deux jours avant de l'émettre, les partisans de l'ancien cultivateur de coca, majoritairement des paysans indigènes, ont mis en place durant 23 jours des barrages routiers pour protester contre ce qu'ils estiment être une "persécution judiciaire" contre leur leader.

Malgré la contestation, la police a tenté à plusieurs reprises d'arrêter Evo Morales, réfugié dans l'Etat du Chapare (centre), son fief politique où est cultivée la coca, a-t-elle précisé.

Mais "il était impossible de procéder à l'exécution du mandat d'arrêt" car "de nombreux policiers ont été victimes d'agressions et de tentatives d'assassinat de la part des bloqueurs", a-t-elle affirmé.

La procureure a dit que la police avait présenté d'"innombrables" rapports justifiant l'impossibilité d'exécuter le mandat d'arrêt car "la vie non seulement de policiers (mais) aussi de citoyens était en jeu."

Deuxième mandat d'arrêt

Selon le dossier judiciaire, Evo Morales, 65 ans, a eu en 2015 une relation avec une jeune fille de 15 ans avec laquelle il a eu une fille en 2016. Le parquet de Tarija (sud) a ouvert fin septembre une enquête pour "viol, trafic et traite d'êtres humains" le visant.

La thèse du parquet est que les parents de la mineure l'ont enrôlée dans la "garde de jeunes" de Morales "dans le seul but de gravir les échelons politiques et d'obtenir des avantages (...) en échange de leur fille mineure".

Pour ces faits, le ministère public a déposé un acte d'accusation contre Evo Morales et la mère de la victime présumée pour le délit de "traite d'êtres humains aggravée" et déclenché une "alerte migratoire" destinée à les empêcher de sortir du pays.

Le père de l'adolescente a, lui, été arrêté mi-octobre et placé en détention préventive pour une durée de quatre mois. Il s'agit du deuxième mandat d'arrêt délivré à l'encontre d'Evo Morales dans cette affaire pour laquelle il encourt une peine de "10 à 15 ans" d'emprisonnement.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier avec AFP Journaliste BFMTV